mardi 1 juin 2010

Insomnie à l'orage

Un lit, une couverture, la nuit, un orage…

Ce ciel qui gronde, ça me rappelle ma jeunesse. Enfin, ma jeunesse plus jeune, celle avec moins de vécus, plus d’étoiles, plein de peintures et de jeux à numéro. Plein d’orages, de placards effrayants et de chocolats chauds réconfortants. De rêves grandissants et de cauchemars appelants, une maman toujours présente. Ça me rappelle ces nuits à me réveiller, effrayé par le tonnerre, mais m’endormant aussitôt par la pluie…

Et ces nuits, un peu plus vieux, à vouloir rester réveiller ces soirs mouvementés. À vouloir le défier le bon Dieu et ses coups de tambours. À vouloir lui montrer qu’avec ma banane en guise d’épée et mon orange, alias boule de feu, je peux en combattre des tempêtes, que je peux me montrer fort et plein de courage et que je peux, moi aussi, sauver le monde et la princesse…

Puis, ça me rappelle ces soirs, encore vieilli, où l’orage ne servait plus que d’excuse pour remplacer les lumières par des chandelles et se regrouper ensemble. Se tenir entre frères et montrer à m’man que nous sommes devenus des hommes maintenant. Lui montrer que nous sommes grands et bien élevés…

Et ça me rappelle… quelques années…

Ces soirs seul en appartement, ces soirs seul dans ma Sunfire, à affronter l’orage. À combattre ses coups, à retenir ses martelages et supporter ses cries. Ces soirs à fuir le tonnerre pour le retrouver ailleurs, riant dans sa barbe. Ces nuits à insomnie, ces nuits à vouloir me montrer plus fort et à crier au ciel que je l’aurai avant qu’il ne m’attrape.

Ces nuits à coucher ailleurs, à salir leurs lits, à me tâcher la peau. À fuir, ma route, mes hommes, leurs mains, leurs bouches, mon épiderme pelé, mon orange épluchée, mon épée déplumé.

Ce non-sommeil, à dépasser les kilomètres, l’un après l’autre. À faire défiler les arbres, les étoiles, les nuages, les tambours et les doigts par vingtaines…

Ce non-repos à fuir leurs caresses, à vouloir m’échapper de ces brûles-peau…

Puis, ça me rappelle, le retour du beau-temps, graduellement, lentement… L’herbe qui sèche, l’eau qui, à nouveau, s’envole dans les nuages…



M’man, c’est moi… J’ai fait des conneries, je reviens à la maison… Je t’aime…