mardi 20 juillet 2010

L'éphémour

Telle une poussière
Tel un cri que l'on s'étouffe
Qui se condamne à la frontière
À la limite du grand souffle

L'éphémère...

Tel un grand tableau
Telle une peinture qui s'efface
Tous les jeux à numéro,
Sous la pluie, qui se détracent

L'éphémère dis-je, l'éphémère !

Telle une passion
Tel un mot qui nous résonne
En harmonie sous les balcons
Sa Juliette lui pardonne

L'amour...

Telle les étoiles
Tel un feu qui s'atomise
Se faire mal entre les poils
D'un baiser qui s'éternise

L'amour, qu'entend-je...
Encore l'amour !

Peinture à l'huile
Amour à l'eau
Dans un passé qui se maquille,
Dans les contes à marmot

Mais comme le nuage,
Sous le vent d'un balayage
Efface d'un passage
Les banals portraits sur page

L'éphémour...

Sa Juliette lui pardonne,
D'être mort sous son balcon
Comme son cœur qui s'abandonne
Dans une triste finition.

L'éphémour...
Encore et toujours, l'éphémour !

dimanche 11 juillet 2010

Berceuse

Flûte, flûte et harmonies
Chante ma belle,
Chante ma douce.

Violoncelle et violonceau
Sous la pluie
Les gouttes d’eau

Patatrin et Patata
Et bulles, bulles
Dans le ruisseau

Coule, coule petite rivière
Danse, danse petite pucelle
Berce et dors, sous tes paupières
Laisse hier tes p'tites misères

Pas de « Je t’aime »

Je ne t’ai pas apporté de beaux mots, ni de proses, ni de vers, pas d’histoires et pas d’excuses, je n’ai rien pour toi. Je voudrais bien t’inventer un de ces « Je t’aime », te le sortir de mes poches et te le dessiner, mais mes lèvres peinent à prononcer sur papier, ce blasphème à la mode des artistes.

Et je voudrais t’amener sur ces ritournelles, ballades et barcarolles, Venise et Paris, et promenades outre mer, mais mes draps ont sommeil et je n’ai qu’assez de matelas pour moi. Oublie tes caresses, tes baisers en tendresse et tes doigts maladroits. Il se fait tard, minuit approche et, citrouille et contes de fées en ont assez vu pour ce soir.

Je voudrais bien te faire confiance, sincèrement. Je voudrais me laisser m’emporter, m’oublier dans un sommeil égaré, dans un laisser-aller et un retour enflammé dans les banlieues de chambre à coucher. Je voudrais m’ouvrir les yeux, me laisser la peau à découvert, nu dans un monde aux yeux fermés, aux lèvres ouvertes. Je voudrais bien te laisser une chance et m’en laisser une par la même occasion, mais je…

Bonne nuit, il commence à se faire tard et je dois y aller…

mercredi 7 juillet 2010

Pense à la mer

Pense à la mer,
Au sable chaud
Vite, pense le fort
Le soleil et ce que tu veux
Mais pense à la mer...

Aspiré...

Pense aux étoiles,
Parle à la lune
Chuchote au présent
Crie au printemps
Et au ciel
Et crêve animal...

Émietté...

Pense à Maman,
Et parle au présent
Pense rapidement
Oublie le passé
Décompose
Et efface tes idées...

Avalé...

Pense à la mer,
Pense,
À la mer...

Digéré...

Ravale ce que tu peux
Et pense à la mer
La surface...

Silencieux...

Je pense à la mer...

Le cardiaque amoureux

À quelques heures du matin
Pendant la nuit, encore couché
M'emballant les pieds et les mains
La tête, les lèvres, les miettes non-réchauffées

Mais à quelques heures du matin
J'ai les côtes qui tremblent malgré
Moi, qui ne ferme les yeux
Par le froid qui se glisse malgré
Moi, qui me recouvre la peau
De secondes de mon horloge émiettée

Je me recouvre de tissu,
Mais rien à faire...
J'ai froid...

Je prends ma douche,
Me brulant l'épiderme
Me lavant de ces gelures...

Je cours les rues
Je passe les hommes
Et je couvre mes fesses

Latex et sommeil en cuillère,
Lubrifiant et réchauffes le dedans...

Mais rien à faire...
J'ai encore plus froid...

Je cours les hommes
Je traverse les boulevard
De villes en villes,
Je me réchauffe le dedans

Rien à faire...

Et je cours les lits,
Les draps salissant
Les veines de sang-froid
Les cœurs en gravier d'hivers

Le cœur criant
Un arrêt immédiat
Un cardiaque amoureux qui malgré lui,
A toujours froid.

lundi 5 juillet 2010

Cher Martin

Je me dirigeai vers l'escalier, d'un pas quelque peu hésitant et quelque peu sous le choc pour dire vrai. Cette lettre m'avait, disons, étourdi. Douche froide ou tour du quartier ? Dilemme du moment. Je ne savais où mettre mes idées.

Je revenais tout juste du boulot et, ma copine étant partit pour quelques mois, j'avais donc tout mon temps pour arriver à la maison. J'allai chercher quelques conserves à l'épicerie, un petit bonjour à ma mère au passage, puisqu'elle habitait tout près de là, et au final, un petit coucou à ma boîte aux lettres.

Pub, pub, facture, pub, Milène, pub, pub... Milène ! En direct de l'Italie, elle m'avait enfin envoyé de ses nouvelles ! Sa dernière lettre datait d'il y a au moins deux semaines ! Et dire qu'il y a approximativement deux mois et deux semaines, elle m'en envoyait au moins quatre par semaine. J'imagine qu'à l'usure, Madame avait moins d'inspiration. Peu importe ! J'entrai, sans attendre, dans mon appartement et me dépêchai d'ouvrir cette enveloppe... « Viens, je t'amène à Venise... ».

Le pas se retournait, changeait d'avis. Allons-y pour la douche froide. Ça fera plus mal, mais ça fera mal d'un coup, mais aussitôt décidé, le pas se retourna à nouveau, optant plutôt pour l'air métropolitain de Montréal et le divertissement de ses ruelles.

Avant de l'ouvrir, je pris bien le temps de me verser un grand verre d'eau froide et de faire un tour au petit coin, question de ne pas être dérangé par les appels primitifs mais quoique vitaux de l'être humain. Puis, je mis l'eau sur le feu afin de boire ma tisane quotidienne un peu plus tard.

Alors, déchirant le rebord de l'enveloppe, j'y découvris un joli papier rose à l'odeur de son parfum. J'en crus mon corps se fondre dans le divan ! Ça me rappelait les nuits, la passion et l'audace de la jeunesse !

Je commençai à descendre l'escalier. Pas à pas, les mains se tenant à la rampe. Les pieds déroulant dans des décollages au ralenti se cramponnant à chaque atterrissage. Pas à pas, les mains s'accrochant toujours à la barre de métal, les pieds rampant en diagonale. Le regard étourdi, les pieds engourdis et le métal refroidi.

Des mots et images en simultané tournaient dans ma tête. Milène, nos premiers baisers, nos premières fois, son départ pour l'aéroport et ma demande en mariage...


« Mon cher Martin, »

Me remettant de mes enchantements, je revins au papier rose. Elle me contait ses aventures dans divers vignobles de l'Italie et ses nombreuses heures passées à apprendre la cuisine avec Madame Bataglini. Me parlait de la météo, le soleil, le peu de pluie, les nuages à l'occasion. Me disait qu'elle allait bien et que la famille qui l'hébergeait allait bien aussi. Tout le charabia routinier quoi ! Je commençais à comprendre pour quelle raison elle m'écrivait moins souvent...

Après un long moment, je finis par me rendre à la porte aboutissant à l'air extérieur. Le soleil semblait me dévisager et à mes yeux, il semblait se déformer en une sorte de visage. Le cœur me relevait, mais je commençai la marche avant de m'en relever malade. Un bloc appartement, un autre, puis un autre... 1023, 1025, 1027... Je comptais tout ce que je pouvais compter. Les adresses, les craques de trottoir, les passants et leurs yeux dévisageant. Eux aussi? ... 1033, 1035, 1037, puis Jean Talon, tourne à droite et continue...

« Martin.. je dois t'annoncer quelque chose... »

C'est comme ça qu'elle commençait la deuxième partie de la lettre, un peu plus inquiétante je dois avouer. Elle jouait avec les mots, tournait autour du pot, parlait de notre relation, de son retour prévu dans quelques semaines...

2612, 2614, 2616, un vieux monsieur, 2620, 2622, une femme promenant son enfant dans une poussette, 2630, 2632, un jeune garçon qui, lui, promenait son chien. Tous ! Ils avaient tous des regards méprisants avec une touche de pitié. Je les hais autant que j'ai honte. 2650, 2652, Ste-Catherine Ouest, gauche et puis tout droit...


... elle m'avait caché, jusque-là, certaines choses. Des vomissements, l'arrêt de ses menstruations, les seins qui grossissent.

« Martin, je suis enceinte... »

J'accélérai le pas, mais certaines boutiques se montraient insistantes. Le regard fuyant, essayant, tant bien que mal, le déni de la situation.

Station de métro Berri-UQAM, je suis entré. La lumière semblait me brûler les yeux.


Elle continuait, m'expliquant qu'elle avait commencé sa grossesse depuis un mois seulement selon le médecin.

Un enfant pleurait, criait, chialait...

Me parlait du romantisme de l'Italie, des beaux endroits qu'on y trouvait, de la carrure de Tony.

Le sifflement du métro commençait à se faire entendre...

Les mots et puis les lettres commençaient à se mélanger. Je n'en comprenais plus que quelques mots, quelques idées.

Un sifflement m'annonçait que l'eau avait terminé de bouillir. Plus tard.

Les phares illuminaient le tunnel.


Elle disait vouloir prolonger son voyage, je crus lire quelque part une demande de citoyenneté.

« Viens, je t'amène à Venise... »

Les lettres, brouillées. Elle était partit depuis déjà deux mois.

« Je me souviendrai toujours de toi », avait-elle écrit...

« Adieu Martin »

Une larme s'échappa, souviens-toi à jamais...

« Je t'embrasse pour cette dernière fois... »

Un saut