jeudi 22 avril 2010

L'amour sans préliminaire

Je me suis brûlé l’épiderme
À l’eau chaude, à la chandelle
Pour donner fin et mettre à terme
Au petit gars à la cannelle

J’ai mis ma plus belle chemise
Et enfilé mes jeans serrés
Les vieux tisons que l’on attise
Les brillants que tu vas regarder

Ce soir, je serai comme toi
Vilain, pour te faire plaisir
Ce soir, je ne serai pas moi
Tu m’as appris à mentir

Ce soir, je serai comme toi
Rebelle en cote de cuir
Ce soir, je serai pas moi
Déguisé, pour me rebâtir
On se fera pas de préliminaire

L’amour sans préliminaire
On fera même pas semblant
Sans frisson dans le capillaire
On est plus des enfants

Pas de je t’aime sur ton matelas
Vide de nous, mais plein de caresse
Les vieilles d’hier que t’as laissées là
En cuillère entre nos fesses

samedi 17 avril 2010

Les je t'aime de son Nathan

On en voit dans les parcs
Et d’autres sur les bancs d’écoles
Et encore à l’hôpital
Viennent au monde en barcarolle
Cette petite marmaille
Qui sent le plaisir à plein nez
Qui rend heureux la parenté
À entendre les rires en bataille

Mais au milieu de la foule
Il y a une mère qui regarde là-haut
Qui prend le seigneur pour un maboul
D’avoir repris son petit cadeau
De l’avoir fait patienter tout ce temps
Et pour n’arriver qu’à mettre au monde
Un enfant mourant à la montre
Qui devint qu’étoile en un instant

Elle lui avait acheté plein de vêtements
Des jouets à n’en remplir l’appartement
Celui-ci que son père s’était empressé
De rénover pour le nouveau-né
Ils avaient même choisi son prénom
Juliette pour une fille, Nathan un garçon
Mais voilà que gaspillage de vœux
Car le bon dieu a cligné des yeux

Et voilà qu’elle pleure lorsqu’elle entend
Les bambins rirent à pleine dents
Car elle aurait voulu connaître son enfant
Savoir son rire couler dans son sang
Et elle en crie à plein poumon
Après le seigneur qui s’en lave les mains
Lui, qui prend sa vie comme à un poisson
Celui qui pourrait bien mourir demain

Et au milieu de la foule
Il y a des femmes qui n’en veulent pas
De ces poissons dans leurs pattes
Qui font des caprices de bisous
D’autres refusent de les mettre sur terre
Pour ne pas les avoir comme obstacle
À leurs âges, devenir mère
Elles ne veulent pas de ce miracle

Mais pendant ce temps
Une mère souffre d’avoir perdu
La chance d’avoir cette chance
D’un miracle apparu
Et elle s’enferme loin du soleil
Pour pouvoir simplement oublier
Ces journées toutes pareilles
Qui s’enchainent dans une année

Et les étoiles la regardent
Des yeux brillants dans le firmament
Avec le vent chuchotant
Les je t’aime de son Nathan