dimanche 19 septembre 2010

Tu m'embrasses

Chandelles. Toi, maquillé
Glisses sur ma tempe
Bambou et dessiné
Tu éteins la lampe

Des filés et des étoiles
Tu vibrasses
À la place du faire mal
Tu m’embrasses

Je ne veux, mais je bouche bée
Je ne veux, mais je figé

Et tu m’embrasses…

jeudi 16 septembre 2010

Réveil

Tourbillonne jusqu’à la chute. File et file, tombe, tombe. Les doigts qui se décollent, les mains qui s’éloignent, le réveil…

Le foutu réveil-matin !

Comme un sifflement, mais moins agréable, moins réconfortant et doux. Plus agressant, plus énervant, dérangeant et qui ne ressemble pas du tout à un sifflement au final. Je dirais que ce bruit s’apparente plutôt à ce sarcasme à voix haute que j’entends de mon lit. Cet éclat de jeunesse qui m’en frissonne la colonne. Ces grincements vitaux et ignobles du rire de ces gamines. Morveuses et marmonnes. Diablesses et démones ! Et mourrez maudites vipères !

Je prends mon café. Je consomme mon bagel multi-grain et fromage cheddar habituel. Puis, douche, veston cravate, etc… Hygiène buccale, visage et on se fout du reste. Souliers et j’ouvre la porte. Ensuite, soupir avant de sortir. Soupir encore. Un pas à l’extérieur et soupir encore… Maudit soleil !

Je marche quelques pas, m’éloignant de mon chez moi et me dirige vers le boulot. Comme d’habitude, je cherche une façon de ne pas me faire remarquer par le voisinage; cette fois-ci j’essaie de compter les trottoirs question de me donner un air « j’ai l’esprit trop occupé pour vous accorder une quelconque attention ».

Je passe devant la maison des Bergerons et mon plan semble avoir bien fonctionné, ils n’ont pas interrompu leurs splendides et merveilleuses occupations pour me souhaiter un de leurs ridicules bonjours. Le même manège semble aussi réussi avec les Turpin, les crétins de Gagnon et les oh-mais-comme-je-vous-emmerde-avec-vos-semblants-de-sourires-sympathiques-et-constipés qui les voisinent encore et encore. À me demander ce que je fais dans ce quartier d’abrutis !

...

De la marmaille… Merde et double-merde ! Ce sont les triplettes ! Elles m’ont vu et elles s’approchent toutes trois de la clôture…

- C’est le vieux muscadin !
- Musc-à-quoi ?
- Muscadin !
- Ça sonne drôle !
- Ça veut dire marabou…

Et là, toutes en chœur, elles chantent !

- Monsieur Vieux Muscadin a mis son masque de libellule !

Et elles rient. En harmonies, puis à l’unisson jusqu’au rire unique. En jeunesse et griboudi. Puis, violoncelle sous le troupeau de guenillage ! Maudite jeunesse ! Maudit bonheur ! Et maudit soleil ! Et maudit satané réveil !



Boulot, pauses café, routine et ordinaire…

Patrick me regarde avec un air pitoyablement compatissant. Madeleine avec son ridicule sourire maternelle sous-entendant que tout ira bien. Nicole ne me regarde pas, merci Nicole. Je m’enferme dans mon bureau, souhaitant la paix, mais Martin vient cogner à la porte après un instant…

Il s’approche mal à l’aise. Me cherche du regard, mais je le fuis dans mon ordinateur. Je joue à un jeu dans lequel je tue des Marsiens…

- Ça va Frank ? dit-il.

Question stupide, il devrait s’en retourner avant que je m’énerve.

- Qu’est-ce que tu fais ?

Question stupide numéro 2… Combien de temps va-t-il rester cloué là à me regarder ?

- François ?
-Je travaille.
- Ah ! Tu as retrouvé la parole ! Où en es-tu dans le dossier ?

Je tue des Martins sur le net…

- J’ai appelé la vieille tantôt…
- Et puis ?
- Je lui ai laissé un message, elle n’était pas là…

Silence, mais il reste toujours cloué là. Il hésite dirait-on…

- On s’inquiète tous pour toi Frank… Ça va mieux ?
- Je sais pas…
- Prends congé pour aujourd’hui encore Frank. Prends le temps de réfléchir à tout ça, tu reviendras la semaine prochaine…

Sinon, rien de particulier, routine et ordinaire…



Les enfants qui rient, les voitures qui passent, Florence ?... Le maudit soleil et la satanée pluie qui s’en vient pour demain. Les sauterelles, mais surtout les libellules et les camions qui roulent… Florence, m’attends-tu ? M’entendras-tu ? Seras-tu là ?



J’ouvre la porte, quittant le tapis d’entré, l’humide dehors, le monde stupide et heureux.

Je me dirige vers la cuisine et voyant que tu n’y es pas, je mets moi-même l’eau sur le feu et j’allume la radio comme à ton habitude, mais je ne la remarque pas, mon habitude. Je fais quelques pas en cercle, en attendant que ça bout, en attendant que ça brûle, mais le temps se fait trop long, les murs trop blancs, vides. Alors, je change de pièce, le salon.

Je regarde les cadres. Portrait par portrait, des sans-dessins. Mes cadres n’en n’ont plus, pas de photos depuis une semaine, je les ai toutes enlevées. Les murs sont blancs aussi, mais pas le même. Œuf, blanc d’œuf tu disais, mais je n’ai jamais remarqué la différence.

La chambre. Le grand lit, je suis chanceux, faut le croire ! À moi tout seul, tant de place ? Tant de vide…

L’eau bout.

« Florence ? Tu t’en occupes ? »

Tu apparaissais toujours dans le cadre de porte à ce moment précis. Tu avais deux tasses de tisane en main et on s’asseyait dans le lit pour le boire. C’était chaud pour les mains, mais encore plus pour la bouche.

Je pose mes lèvres sur les siennes. Sur ma tasse en fait, ma tasse avec son souffle de rien de vie, sa vapeur de gingembre, mais les yeux fermés, c’était comme tes lèvres, mais l’intérieur était trop chaud encore. Alors, je ne faisais qu’embrasser les gouttes d’eau envolées, les tiennes. Et les yeux fermés, c’était tes mains qui se tenaient entre mes doigts maganés, sur et sous ma peau insomniaque.

Je me rappelais tes murs. Blanc, mais cassé tu disais, mais moi, je voyais beige. Je n’ai jamais compris en quoi cette couleur restait blanche, mais je me fiais à toi et j’appelais ça blanc cassé. Et je caressais ton ventre gonflé sous ce teint œuf brisé.

- As-tu senti ?
- Oui, elle a donné un coup de pied.
- Ma petite libellule grandit vite !

Je sentais aussi ses petits doigts à notre Juliette. Elle était déjà la plus belle fille au monde, alors qu’elle n’était que fœtus et je sentais ses doigts s’entremêlés aux miens jusqu’à s’éloigner, à s’en aller. Je sentais la chute, une tombée d’étoiles filantes. Je sentais des gouttelettes et j’entendais des camions. Tu pars déjà ? J’entendais des fillettes et des oiseaux siffloter. Florence, attends ! File et tombe, pente et chute. Le vent et le souffle entre mes doigts…

Le foutu réveil-matin !

lundi 13 septembre 2010

Juste être là

Je voudrais un tour en voiture. Me promener et juste être là...

Juste être là et n'ouvrir les lèvres que pour les vers et Alexandrins,
n'ouvrir les yeux que pour les étoiles, n'ouvrir les mains que dans le
vide clair...

samedi 4 septembre 2010

Comme un arbre

Voudrait être un arbre...

Enraciné, les feuilles
À fleur de peau
Chlorophylle,

Juste du vrai