lundi 13 décembre 2010

Touche moi pas !

Des fois, je m'y repense.
Et je me crie,
Touche moi pas !

Pis j'ai le goût de me promener en voiture, trouver des belles étoiles pis de me souler la gueule dans le bois.
Pis d'inventer des poèmes à mesure, tout soul comme une pelle.

Sacré Charlemagne !

Je vais leur fair’ payer leurs naïv’tés
Ces pauvr’s enfants, pauvres emmerdeurs
Les faire suer ces déboussolés
Chauffer leurs têt’s et crever leurs cœurs

Mais qui a eu cette idée folle ?
Charlemagn'. Sacré Charlemagne !

Ils vont cracher des Alexandrins
Et je me fou si ça sert à rien
Mordre la poussière devant Pythagore
Ils vont en baver, encore encore !

Mais qui a eu cette idée folle ?
Charlemagn'. Sacré Charlemagne !

Et pas d’pipi dans la journée
Pas de collation avant midi
Et just’ pour les faire encore plus chier
J’vais en prendr’ trois, des inédits

Mais qui a eu cette idée folle ?
De me faire aimer, ainsi l’école ?
Charlemagn'. Sacré Charlemagne !

mercredi 8 décembre 2010

La boussole

Le moment était venu. Je regardais le calendrier du coin de l’œil et nous étions bien le quatorze, la date étant encerclée d’un cœur au marqueur rouge. La femme aux yeux de panthère me regardait et se préparait à une éventuelle attaque.
Elle n’avait pas déballé le cadeau encore, mais elle était déjà prête. Je lui avais bien prouvé, les dernières semaines, que je n’étais qu’une bête sans aucun potentiel romantique. Un animal de compagnie, si l’on peut dire.
C’était d’ailleurs de cette façon que j'imaginais l’amour avant de rencontrer Sandy. L’homme-chien et la femme-gazelle. Nous ne sommes pas divins, laissons à Dieu ce qui Lui appartient ! Je veux dire, nous buvons, nous péchons, pissons et chions. Tout ce qu’Il ne peut pas faire. Alors, pourquoi nous penser ainsi supérieur ?

Mais enfin, pour Femme, l’amour ne se contentait pas de l’animal, Femme voulait de l’attention. Femme voulait de la poésie. Femme voulait des chandelles. Femme voulait l’Amour.

La Poésie. D’accord…
Elle voulait d’abord des Alexandrins.
Puis, elle ne voulait pas de rimes en « é ». Ni en « a », ni en « i ».
Elle voulait quelque chose de beau, mais pas trop « déjà vu ».
Ni trop original, ni trop banal.
Elle voulait des belles sonorités, mais il ne fallait pas négliger le contenu.
Il fallait que le poème parle d’elle, mais pas directement…

Je lui ai donc acheté des biscuits chinois et me résignai au divan pendant quelques semaines.

Ensuite, ce furent les chandelles.
Plusieurs possibilités s’offraient à moi : le souper, le massage à la cire, le bain en amoureux. Des échecs. Que de grands échecs monumentaux ! En fait, mon problème était le feu. La nappe, le poulet BBQ, les rideaux, nos vêtements, tout brûla ! Et pour le bain, ce fut plutôt l’espace restreint qui gâcha le romantisme. Nous ne parlons pas ici des baignoires dans les téléromans ou dans les films de cul, ça, c’est des piscines multifonctionnelles. Non messieurs ! Je parle ici des bains conventionnels qui traînent dans nos salles de bains de citoyens ordinaires. Ceux dans lesquels nous avons partagé, Sandy et moi, des pieds et des mains, mais aussi des coudes et des genoux, des couilles et des coups.

Maintenant, elle regardait le cadeau. Nous en étions là. Le silence s’était presque emparé de la pièce, seul le bruit du robinet venait déranger ce vacarme de silence. Ce robinet qu’elle m’avait demandé de réparer, ce robinet qui comptait les secondes de jour en jour depuis quelques semaines.
Tic – Qu’est-ce qu’elle veut ?
Tic – Des fleurs, chocolats, peluche ?
Tic – Une bague ?
Tic – Une boussole ?
Une boussole ! Bien sûr ! Bien que la boussole en soi puisse sembler banale, avec un joli discours, ce cadeau était parfait !
Et j’imaginais déjà mon baratin.
Je lui dirais : « Qu’importe le moment, qu’importe l’heure et l’endroit. De cette boussole, tu me trouveras. Elle te guidera vers cette âme-sœur que je suis et elle nous liera pour l’éternité. Je suis ton amour. Tu es mon amour. Nous sommes nos amours et pour toujours ! »
Et j’ajouterais que c’était sa beauté qui m’avait inspiré la carte, les dessins de fleurs, de soleil, notre bonheur mutuel.

Elle regardait donc le cadeau. Des gouttes de sueurs roulaient le long de ma tempe, mais j’étais prêt à courir en cas d’éventuel danger.
Elle déballait le cadeau dans un mouvement lent, telle une ballerine qui quitte le sol au ralenti.
Je restais attentif, bien que mon cœur battît si vite, si fort. Je ne voulais manquer sa réaction. Sa surprise.
Bout de papier et bout de papier. Dans les airs, qu’elle jetait, déchirant et déchiquetant, doucement et tranquillement. Jusqu’à la vue du cadeau, la vue de cette… merveilleuse et incroyable… clef anglaise.
Eh oui, clef anglaise. Rien de romantique n’est-ce pas ? Elle était folle de rage. Sautant tel un gorille. Tel un primate s’étant fait jouer un pauvre tour par un camarade.
Je retrouvais enfin l’animal chez ma douce !
« Qu’est-ce qu’il y a chérie ? Tu sembles ne pas aimer ton cadeau. »
Elle le détestait !
« Pourtant, c’est toi qui te plaignais du robinet qui coulait et moi qui n’avait le temps de le réparer. Tu vas maintenant pouvoir le faire toute seule ! »
Elle me détestait ! Et c’était tant mieux ! Pour rien au monde je ne voudrais me lier éternellement à une femme aussi capricieuse. Je me sentais enfin libéré !
Le bruit tendre et léger d’un départ.
Elle claqua la porte.

dimanche 21 novembre 2010

Racine carrée (version B)

Tout commencera par un vide qu’on remplira.
Composte et
Terre à eau
Lumière jusqu’au soleil et
Jusqu’à la lune, on
Terre et enterrera les
Racines

Puis, dans un deuxième jour, tu apparaitras
Petite racine
Petit sourire et,
Éclats premiers
On te
Regardera grandir
On te tirera par les
Racines puis,
Les tiges-oreilles au contraire.

Maman Pommier t’apprendras le goût.
Chêne, modèle paternel.

Puis, on te poussera Madame abeille.
Amour et tulipes et
Ritournelles sous les ombrelles.

Et les enfants ?
Et les jardins ?
Et les mariages ?

Et si ?
Mangés par les racines.
Racine carrée du cœur à fleur ?

De toute façon, on te poussera.
Sans choix, tu tomberas.

Racine carrée (version A)

Une fois.
On tire les racines vers le bas,
Et la tige vers le haut.
Ça pousse plus vite. Bien ou non, vite fait.
Deux fois.
On racine carrée le cœur en deux.
Ça fait quatre, vous suivez ?
Puis, une fois.
Une fleur du tapis et son abeille.
Se brûlait par les racines, on se mange par.
La foi
Simplement, sans se poser de question.
On s’enracine dans ce qui est là.
Ce qui reste de ça.
Nos racines.
Maman ?
Papa chêne ?

Pousse vers le ciel.
Pousse.
Plus vite.
Fort.
Pouces vers le ciel.

dimanche 19 septembre 2010

Tu m'embrasses

Chandelles. Toi, maquillé
Glisses sur ma tempe
Bambou et dessiné
Tu éteins la lampe

Des filés et des étoiles
Tu vibrasses
À la place du faire mal
Tu m’embrasses

Je ne veux, mais je bouche bée
Je ne veux, mais je figé

Et tu m’embrasses…

jeudi 16 septembre 2010

Réveil

Tourbillonne jusqu’à la chute. File et file, tombe, tombe. Les doigts qui se décollent, les mains qui s’éloignent, le réveil…

Le foutu réveil-matin !

Comme un sifflement, mais moins agréable, moins réconfortant et doux. Plus agressant, plus énervant, dérangeant et qui ne ressemble pas du tout à un sifflement au final. Je dirais que ce bruit s’apparente plutôt à ce sarcasme à voix haute que j’entends de mon lit. Cet éclat de jeunesse qui m’en frissonne la colonne. Ces grincements vitaux et ignobles du rire de ces gamines. Morveuses et marmonnes. Diablesses et démones ! Et mourrez maudites vipères !

Je prends mon café. Je consomme mon bagel multi-grain et fromage cheddar habituel. Puis, douche, veston cravate, etc… Hygiène buccale, visage et on se fout du reste. Souliers et j’ouvre la porte. Ensuite, soupir avant de sortir. Soupir encore. Un pas à l’extérieur et soupir encore… Maudit soleil !

Je marche quelques pas, m’éloignant de mon chez moi et me dirige vers le boulot. Comme d’habitude, je cherche une façon de ne pas me faire remarquer par le voisinage; cette fois-ci j’essaie de compter les trottoirs question de me donner un air « j’ai l’esprit trop occupé pour vous accorder une quelconque attention ».

Je passe devant la maison des Bergerons et mon plan semble avoir bien fonctionné, ils n’ont pas interrompu leurs splendides et merveilleuses occupations pour me souhaiter un de leurs ridicules bonjours. Le même manège semble aussi réussi avec les Turpin, les crétins de Gagnon et les oh-mais-comme-je-vous-emmerde-avec-vos-semblants-de-sourires-sympathiques-et-constipés qui les voisinent encore et encore. À me demander ce que je fais dans ce quartier d’abrutis !

...

De la marmaille… Merde et double-merde ! Ce sont les triplettes ! Elles m’ont vu et elles s’approchent toutes trois de la clôture…

- C’est le vieux muscadin !
- Musc-à-quoi ?
- Muscadin !
- Ça sonne drôle !
- Ça veut dire marabou…

Et là, toutes en chœur, elles chantent !

- Monsieur Vieux Muscadin a mis son masque de libellule !

Et elles rient. En harmonies, puis à l’unisson jusqu’au rire unique. En jeunesse et griboudi. Puis, violoncelle sous le troupeau de guenillage ! Maudite jeunesse ! Maudit bonheur ! Et maudit soleil ! Et maudit satané réveil !



Boulot, pauses café, routine et ordinaire…

Patrick me regarde avec un air pitoyablement compatissant. Madeleine avec son ridicule sourire maternelle sous-entendant que tout ira bien. Nicole ne me regarde pas, merci Nicole. Je m’enferme dans mon bureau, souhaitant la paix, mais Martin vient cogner à la porte après un instant…

Il s’approche mal à l’aise. Me cherche du regard, mais je le fuis dans mon ordinateur. Je joue à un jeu dans lequel je tue des Marsiens…

- Ça va Frank ? dit-il.

Question stupide, il devrait s’en retourner avant que je m’énerve.

- Qu’est-ce que tu fais ?

Question stupide numéro 2… Combien de temps va-t-il rester cloué là à me regarder ?

- François ?
-Je travaille.
- Ah ! Tu as retrouvé la parole ! Où en es-tu dans le dossier ?

Je tue des Martins sur le net…

- J’ai appelé la vieille tantôt…
- Et puis ?
- Je lui ai laissé un message, elle n’était pas là…

Silence, mais il reste toujours cloué là. Il hésite dirait-on…

- On s’inquiète tous pour toi Frank… Ça va mieux ?
- Je sais pas…
- Prends congé pour aujourd’hui encore Frank. Prends le temps de réfléchir à tout ça, tu reviendras la semaine prochaine…

Sinon, rien de particulier, routine et ordinaire…



Les enfants qui rient, les voitures qui passent, Florence ?... Le maudit soleil et la satanée pluie qui s’en vient pour demain. Les sauterelles, mais surtout les libellules et les camions qui roulent… Florence, m’attends-tu ? M’entendras-tu ? Seras-tu là ?



J’ouvre la porte, quittant le tapis d’entré, l’humide dehors, le monde stupide et heureux.

Je me dirige vers la cuisine et voyant que tu n’y es pas, je mets moi-même l’eau sur le feu et j’allume la radio comme à ton habitude, mais je ne la remarque pas, mon habitude. Je fais quelques pas en cercle, en attendant que ça bout, en attendant que ça brûle, mais le temps se fait trop long, les murs trop blancs, vides. Alors, je change de pièce, le salon.

Je regarde les cadres. Portrait par portrait, des sans-dessins. Mes cadres n’en n’ont plus, pas de photos depuis une semaine, je les ai toutes enlevées. Les murs sont blancs aussi, mais pas le même. Œuf, blanc d’œuf tu disais, mais je n’ai jamais remarqué la différence.

La chambre. Le grand lit, je suis chanceux, faut le croire ! À moi tout seul, tant de place ? Tant de vide…

L’eau bout.

« Florence ? Tu t’en occupes ? »

Tu apparaissais toujours dans le cadre de porte à ce moment précis. Tu avais deux tasses de tisane en main et on s’asseyait dans le lit pour le boire. C’était chaud pour les mains, mais encore plus pour la bouche.

Je pose mes lèvres sur les siennes. Sur ma tasse en fait, ma tasse avec son souffle de rien de vie, sa vapeur de gingembre, mais les yeux fermés, c’était comme tes lèvres, mais l’intérieur était trop chaud encore. Alors, je ne faisais qu’embrasser les gouttes d’eau envolées, les tiennes. Et les yeux fermés, c’était tes mains qui se tenaient entre mes doigts maganés, sur et sous ma peau insomniaque.

Je me rappelais tes murs. Blanc, mais cassé tu disais, mais moi, je voyais beige. Je n’ai jamais compris en quoi cette couleur restait blanche, mais je me fiais à toi et j’appelais ça blanc cassé. Et je caressais ton ventre gonflé sous ce teint œuf brisé.

- As-tu senti ?
- Oui, elle a donné un coup de pied.
- Ma petite libellule grandit vite !

Je sentais aussi ses petits doigts à notre Juliette. Elle était déjà la plus belle fille au monde, alors qu’elle n’était que fœtus et je sentais ses doigts s’entremêlés aux miens jusqu’à s’éloigner, à s’en aller. Je sentais la chute, une tombée d’étoiles filantes. Je sentais des gouttelettes et j’entendais des camions. Tu pars déjà ? J’entendais des fillettes et des oiseaux siffloter. Florence, attends ! File et tombe, pente et chute. Le vent et le souffle entre mes doigts…

Le foutu réveil-matin !

lundi 13 septembre 2010

Juste être là

Je voudrais un tour en voiture. Me promener et juste être là...

Juste être là et n'ouvrir les lèvres que pour les vers et Alexandrins,
n'ouvrir les yeux que pour les étoiles, n'ouvrir les mains que dans le
vide clair...

samedi 4 septembre 2010

Comme un arbre

Voudrait être un arbre...

Enraciné, les feuilles
À fleur de peau
Chlorophylle,

Juste du vrai

lundi 16 août 2010

Pluie d'étoiles

Veste et lampe de poche, étoiles filantes en météo, je pars...

Je cours et j’oublie, je croise les arbres, les vastes chemins, quoiqu’étroits quelques fois. Mon père, ses histoires… Cours, sans trébuche et sans façon, continue ton chemin… J’aime les hommes et qu’est-ce que ça peut bien lui faire ? Aller ! Plus vite, tu perds ton temps… Je saute par-dessus, droite et gauche et tourne en rond, mais c’est où déjà ? Ça fait tellement longtemps. Piste et suis et sans boussole, sans girouette et sans étoile du nord. Le hasard et uniquement, le présent et son pataplan.

« Je peux accepter ton choix Mario, mais si jamais tu amènes ton copain à la maison, je ne sais si je serai capable de lui parler… Je ne sais à peine si je pourrai rester dans la maison pendant qu’il sera là… »

Merde et que dalle ! Trouve et on s’en fou. Frappe des pieds et éclate en gouttelettes. Craque les arbres et grince les branches et good bye les soucis. J’avale et je cris et j’emmerde les témoins et va chier Jéhovat ! Je n’en ai rien à foutre de toi et de tes caprices. T’as eu mon père, mais t’auras personne d’autre. Ma mère est de mon côté et mes frères se moquent de ton derrière…

Droite et gauche et tourne en rond…

C’est ici. Le pit de sable !

Les souvenirs qui me rattachent à cet endroit ne sont pas vraiment représentatifs au lien que je partage avec lui présentement. Quand j’étais plus jeune, je passais souvent près d’ici avec ma mère et mes frères, mais on ne s’y arrêtait jamais vraiment. Disons que c’était plutôt sur notre chemin, nous allions chercher de l’eau de source un peu plus loin. La seule chose que j’aie vraiment faite ici, c’était fumer du pot avec mon frère Max et ses amis. C’était la seule fois où j’en ai fumé d’ailleurs. Quel souvenir étrange ! Mais ça n’a aucun lien avec ce que je prévoyais faire ce soir.

À mon travail, j’avais entendu à la radio qu’on annonçait une pluie d’étoiles et comme j’avais besoin de me changer les idées, le pit de sable m’avais paru approprié pour cette activité. Je m’assis donc sur un tas de cailloux et je regardai le ciel. Voilà bien ce que j’espérais. Les étoiles étaient splendides ici ! Étant loin de la lumière du village, loin du bruit de la télévision et seul au milieu de ce grand ciel périphérique, je me retrouvais en douceur.

Fffffloum… Une étoile filante !

Elle me maquillait le visage et me dessinait des gouttelettes. Je n’arrivais pas à me souvenir quand fut la dernière fois que j’en avais vu une. Pourquoi avais-je attendu si longtemps avant de me le permettre ? Sa peinture derrière sa tombée, sa trace dégonflée en fusée et son décor bleu marin. Je n’avais pas vu cette image depuis des lustres…

Ffffflam… Une autre !

J’en ris. Comme un enfant, comme un bambin, comme une frimousse. Je m’en jouissais le corps et les papilles des yeux.

Fffflim et Ffffaloum et Patatoum !

La vanille du ciel et le dessert nocturne. Je me trouvais seul derrière ce cinéma, mais je m’en disais tant mieux en même temps. Les hommes et leurs jeux de fesses en l’air ne me tentaient guerre. Ce soir, j’étais de la marmaille, un point c’est tout.

Bleu et blanc et Tadamou et Frrrroum dans l’océan plafonné.

Je t’aime ciel.

Je t’aime p’tit pit et bleu étoilé.

Je t’aime et malgré tout, je t’aime P’pa.

mercredi 11 août 2010

Dodo peinturé

Je te chuchotais
Pendant que tu dormais,
Des lettres en spirales
Et des peintures en secrets...

Je te dessinais par-dessus
Des mots en couverture
Du noir et blanc,
Veston cravate
Je me pastellais les mots faciles
Me démodais les papilles
Je te chuchotais un ciel
L'amour, les étoiles
La peinture en Alexandrin

Bonne nuit petite misère
Disais-je en riant
Disais-je en clin d'œil
Bonne nuit petite misère

mardi 10 août 2010

Te souviens-tu ?

T'en souviens-tu ? Je l'ai regardée cet après-midi, comme à mon habitude. Tout aussi calme, coulante et réservée, elle n'a jamais vraiment changé et c'est bien ce qui me réconforte en elle. J'aime à la regarder, dans ma chaise de bois, sur la galerie de notre grande et vieille maison. J'aime à la voir se rafraîchir les ailes, à se dépeindre de seconde en seconde, à se couler la frontière toujours plus loin encore, sans jamais pour autant s'éloigner de jour en jour.

Savais-tu qu'elle savait sauter ? La rivière saute en gouttelette à ses extrémités. Elle surprend les marguerites qui osent, quelquefois, pousser un peu trop près, mais jamais assez pour les noyer. Cette rivière n'a jamais été bien méchante. Même en temps d'orage, elle se montre tout aussi inoffensive que fragile. Aussi douce et pareille qu'en son jeune temps.

Te souviens-tu du nôtre ? Notre jeunesse à nous ? Nous la longions souvent en après-midi l'été et tu ramenais toujours de nos promenades, quelques marguerites et quelques sourires dans ton visage. Puis, nous revenions le soir, à chaque fois peu avant le coucher du soleil. Nous préférions être à la maison pour ce moment, car nous aimions regarder le ciel se colorier d'orange, de jaune et de rose pâle et ce soleil aux yeux brûlants, se cacher les lunettes sous l'horizon. Nous regardions toujours cet instant sur ces chaises qui ne font que garnir notre galerie.

Je me sens un peu nostalgique de ce temps, je dois avouer. Aujourd'hui, Martin est venu à la maison et est déjà grand. Il ne vient plus aussi souvent qu'avant, tu sais ce que c'est... Il s'est marié, il y a déjà plusieurs années, avec Sophia, son amie avec qui il passait beaucoup de temps étant plus jeune. Nous avions toujours su qu'ils finiraient ensemble ces deux-là, leurs histoires ressemblaient trop à la nôtre. Et puis, ils ont trois enfants et ça grandit vite ces petites bêtes ! Il me semble qu'hier seulement, Martin ne faisait que trois pommes, et voilà que ses enfants ont déjà tous dépassé cette taille... le temps coule trop vite et de jour en jour, tout semble partir aux bouts de mes doigts...

Ils vont prendre ma maison Madeleine, malgré moi, toujours vivant, ils vont me reprendre notre maison. Martin est à l'intérieur présentement, il finit d'empaqueter les dernières boîtes et demain, je partirai dans une maison pour vieux... Jamais j'aurais cru vivre assez longtemps pour en arriver jusque-là et malheureux comme je suis, mon cœur semble trop en santé pour me laisser partir avant demain.

Te souviens-tu de cette soirée où la rivière était en chamaille ? Tu t'étais endormie tôt ce soir là, tes idées doivent être tout entremêlées... Il y avait un orage au ciel et nous le regardions, toujours sur notre galerie, buvant une tisane de gingembre. Puis, dans un élan de bataille, c'est là que tu t'étais endormie. Le fracas de ta tasse au sol m'avait fait sursauter, mais ce fut à mon tour de me fracasser le cœur par la suite. Tu ne t'es plus jamais réveillée... Tu rêvas de rose pâle en étoile et de marguerite en navire jusqu'à l'éternel...

Je m'ennuie de toi Madeleine, je m'ennuie de notre fils qui semble oublier son vieux père et je vais m'ennuyer de ce soleil couchant. Crois-tu que je pourrai le voir de ma fenêtre là-bas? Soupir...

Je regardais la rivière, le ciel rosé, mes mains fripées par le temps, derrières mes paupières qui se fermaient d'eux même... Je suis fatigué Madeleine...

J'ouvrais les yeux tranquillement. J'entendais le jappements insoutenables des machines de l'hôpital, je voyais apparaître la silhouette de mon fils, son épouse et peu à peu, leurs visages, leurs yeux en fatigue et leurs cheveux en insomnie. Je voyais apparaître la fenêtre me laissant la vue d'un building voisin du centre-ville. Soupirs et misère ! J'emmerde la médecine et ses progrès...

mercredi 4 août 2010

C'est toute

Fais-moi tes étincelles
Illumine mon corridor
Frappe
Déchire et Arrache
Mords et Déshydrate
Crève mes balloons
Salis ton karma
Fais toi plaisir...

Fais moi mal.
Point et point final
Sans suspension
Pas de mais et pas de pourquoi
Fais moi mal.

Fais moi crier
À m'en éclater le poumon
Le gauche, le drette pour survivre
Survivre et me faire mal.
Fais moi crier.

Crac et Frappe
Sssssss-slap
Frime et Frame
Sssssss-slap

Sors les pas.
Je veux pas les voir.
Sssssss-scram
Nous,
on se fuckfriend pis c'est toute.
C'est toute.

mardi 20 juillet 2010

L'éphémour

Telle une poussière
Tel un cri que l'on s'étouffe
Qui se condamne à la frontière
À la limite du grand souffle

L'éphémère...

Tel un grand tableau
Telle une peinture qui s'efface
Tous les jeux à numéro,
Sous la pluie, qui se détracent

L'éphémère dis-je, l'éphémère !

Telle une passion
Tel un mot qui nous résonne
En harmonie sous les balcons
Sa Juliette lui pardonne

L'amour...

Telle les étoiles
Tel un feu qui s'atomise
Se faire mal entre les poils
D'un baiser qui s'éternise

L'amour, qu'entend-je...
Encore l'amour !

Peinture à l'huile
Amour à l'eau
Dans un passé qui se maquille,
Dans les contes à marmot

Mais comme le nuage,
Sous le vent d'un balayage
Efface d'un passage
Les banals portraits sur page

L'éphémour...

Sa Juliette lui pardonne,
D'être mort sous son balcon
Comme son cœur qui s'abandonne
Dans une triste finition.

L'éphémour...
Encore et toujours, l'éphémour !

dimanche 11 juillet 2010

Berceuse

Flûte, flûte et harmonies
Chante ma belle,
Chante ma douce.

Violoncelle et violonceau
Sous la pluie
Les gouttes d’eau

Patatrin et Patata
Et bulles, bulles
Dans le ruisseau

Coule, coule petite rivière
Danse, danse petite pucelle
Berce et dors, sous tes paupières
Laisse hier tes p'tites misères

Pas de « Je t’aime »

Je ne t’ai pas apporté de beaux mots, ni de proses, ni de vers, pas d’histoires et pas d’excuses, je n’ai rien pour toi. Je voudrais bien t’inventer un de ces « Je t’aime », te le sortir de mes poches et te le dessiner, mais mes lèvres peinent à prononcer sur papier, ce blasphème à la mode des artistes.

Et je voudrais t’amener sur ces ritournelles, ballades et barcarolles, Venise et Paris, et promenades outre mer, mais mes draps ont sommeil et je n’ai qu’assez de matelas pour moi. Oublie tes caresses, tes baisers en tendresse et tes doigts maladroits. Il se fait tard, minuit approche et, citrouille et contes de fées en ont assez vu pour ce soir.

Je voudrais bien te faire confiance, sincèrement. Je voudrais me laisser m’emporter, m’oublier dans un sommeil égaré, dans un laisser-aller et un retour enflammé dans les banlieues de chambre à coucher. Je voudrais m’ouvrir les yeux, me laisser la peau à découvert, nu dans un monde aux yeux fermés, aux lèvres ouvertes. Je voudrais bien te laisser une chance et m’en laisser une par la même occasion, mais je…

Bonne nuit, il commence à se faire tard et je dois y aller…

mercredi 7 juillet 2010

Pense à la mer

Pense à la mer,
Au sable chaud
Vite, pense le fort
Le soleil et ce que tu veux
Mais pense à la mer...

Aspiré...

Pense aux étoiles,
Parle à la lune
Chuchote au présent
Crie au printemps
Et au ciel
Et crêve animal...

Émietté...

Pense à Maman,
Et parle au présent
Pense rapidement
Oublie le passé
Décompose
Et efface tes idées...

Avalé...

Pense à la mer,
Pense,
À la mer...

Digéré...

Ravale ce que tu peux
Et pense à la mer
La surface...

Silencieux...

Je pense à la mer...

Le cardiaque amoureux

À quelques heures du matin
Pendant la nuit, encore couché
M'emballant les pieds et les mains
La tête, les lèvres, les miettes non-réchauffées

Mais à quelques heures du matin
J'ai les côtes qui tremblent malgré
Moi, qui ne ferme les yeux
Par le froid qui se glisse malgré
Moi, qui me recouvre la peau
De secondes de mon horloge émiettée

Je me recouvre de tissu,
Mais rien à faire...
J'ai froid...

Je prends ma douche,
Me brulant l'épiderme
Me lavant de ces gelures...

Je cours les rues
Je passe les hommes
Et je couvre mes fesses

Latex et sommeil en cuillère,
Lubrifiant et réchauffes le dedans...

Mais rien à faire...
J'ai encore plus froid...

Je cours les hommes
Je traverse les boulevard
De villes en villes,
Je me réchauffe le dedans

Rien à faire...

Et je cours les lits,
Les draps salissant
Les veines de sang-froid
Les cœurs en gravier d'hivers

Le cœur criant
Un arrêt immédiat
Un cardiaque amoureux qui malgré lui,
A toujours froid.

lundi 5 juillet 2010

Cher Martin

Je me dirigeai vers l'escalier, d'un pas quelque peu hésitant et quelque peu sous le choc pour dire vrai. Cette lettre m'avait, disons, étourdi. Douche froide ou tour du quartier ? Dilemme du moment. Je ne savais où mettre mes idées.

Je revenais tout juste du boulot et, ma copine étant partit pour quelques mois, j'avais donc tout mon temps pour arriver à la maison. J'allai chercher quelques conserves à l'épicerie, un petit bonjour à ma mère au passage, puisqu'elle habitait tout près de là, et au final, un petit coucou à ma boîte aux lettres.

Pub, pub, facture, pub, Milène, pub, pub... Milène ! En direct de l'Italie, elle m'avait enfin envoyé de ses nouvelles ! Sa dernière lettre datait d'il y a au moins deux semaines ! Et dire qu'il y a approximativement deux mois et deux semaines, elle m'en envoyait au moins quatre par semaine. J'imagine qu'à l'usure, Madame avait moins d'inspiration. Peu importe ! J'entrai, sans attendre, dans mon appartement et me dépêchai d'ouvrir cette enveloppe... « Viens, je t'amène à Venise... ».

Le pas se retournait, changeait d'avis. Allons-y pour la douche froide. Ça fera plus mal, mais ça fera mal d'un coup, mais aussitôt décidé, le pas se retourna à nouveau, optant plutôt pour l'air métropolitain de Montréal et le divertissement de ses ruelles.

Avant de l'ouvrir, je pris bien le temps de me verser un grand verre d'eau froide et de faire un tour au petit coin, question de ne pas être dérangé par les appels primitifs mais quoique vitaux de l'être humain. Puis, je mis l'eau sur le feu afin de boire ma tisane quotidienne un peu plus tard.

Alors, déchirant le rebord de l'enveloppe, j'y découvris un joli papier rose à l'odeur de son parfum. J'en crus mon corps se fondre dans le divan ! Ça me rappelait les nuits, la passion et l'audace de la jeunesse !

Je commençai à descendre l'escalier. Pas à pas, les mains se tenant à la rampe. Les pieds déroulant dans des décollages au ralenti se cramponnant à chaque atterrissage. Pas à pas, les mains s'accrochant toujours à la barre de métal, les pieds rampant en diagonale. Le regard étourdi, les pieds engourdis et le métal refroidi.

Des mots et images en simultané tournaient dans ma tête. Milène, nos premiers baisers, nos premières fois, son départ pour l'aéroport et ma demande en mariage...


« Mon cher Martin, »

Me remettant de mes enchantements, je revins au papier rose. Elle me contait ses aventures dans divers vignobles de l'Italie et ses nombreuses heures passées à apprendre la cuisine avec Madame Bataglini. Me parlait de la météo, le soleil, le peu de pluie, les nuages à l'occasion. Me disait qu'elle allait bien et que la famille qui l'hébergeait allait bien aussi. Tout le charabia routinier quoi ! Je commençais à comprendre pour quelle raison elle m'écrivait moins souvent...

Après un long moment, je finis par me rendre à la porte aboutissant à l'air extérieur. Le soleil semblait me dévisager et à mes yeux, il semblait se déformer en une sorte de visage. Le cœur me relevait, mais je commençai la marche avant de m'en relever malade. Un bloc appartement, un autre, puis un autre... 1023, 1025, 1027... Je comptais tout ce que je pouvais compter. Les adresses, les craques de trottoir, les passants et leurs yeux dévisageant. Eux aussi? ... 1033, 1035, 1037, puis Jean Talon, tourne à droite et continue...

« Martin.. je dois t'annoncer quelque chose... »

C'est comme ça qu'elle commençait la deuxième partie de la lettre, un peu plus inquiétante je dois avouer. Elle jouait avec les mots, tournait autour du pot, parlait de notre relation, de son retour prévu dans quelques semaines...

2612, 2614, 2616, un vieux monsieur, 2620, 2622, une femme promenant son enfant dans une poussette, 2630, 2632, un jeune garçon qui, lui, promenait son chien. Tous ! Ils avaient tous des regards méprisants avec une touche de pitié. Je les hais autant que j'ai honte. 2650, 2652, Ste-Catherine Ouest, gauche et puis tout droit...


... elle m'avait caché, jusque-là, certaines choses. Des vomissements, l'arrêt de ses menstruations, les seins qui grossissent.

« Martin, je suis enceinte... »

J'accélérai le pas, mais certaines boutiques se montraient insistantes. Le regard fuyant, essayant, tant bien que mal, le déni de la situation.

Station de métro Berri-UQAM, je suis entré. La lumière semblait me brûler les yeux.


Elle continuait, m'expliquant qu'elle avait commencé sa grossesse depuis un mois seulement selon le médecin.

Un enfant pleurait, criait, chialait...

Me parlait du romantisme de l'Italie, des beaux endroits qu'on y trouvait, de la carrure de Tony.

Le sifflement du métro commençait à se faire entendre...

Les mots et puis les lettres commençaient à se mélanger. Je n'en comprenais plus que quelques mots, quelques idées.

Un sifflement m'annonçait que l'eau avait terminé de bouillir. Plus tard.

Les phares illuminaient le tunnel.


Elle disait vouloir prolonger son voyage, je crus lire quelque part une demande de citoyenneté.

« Viens, je t'amène à Venise... »

Les lettres, brouillées. Elle était partit depuis déjà deux mois.

« Je me souviendrai toujours de toi », avait-elle écrit...

« Adieu Martin »

Une larme s'échappa, souviens-toi à jamais...

« Je t'embrasse pour cette dernière fois... »

Un saut

mardi 1 juin 2010

Insomnie à l'orage

Un lit, une couverture, la nuit, un orage…

Ce ciel qui gronde, ça me rappelle ma jeunesse. Enfin, ma jeunesse plus jeune, celle avec moins de vécus, plus d’étoiles, plein de peintures et de jeux à numéro. Plein d’orages, de placards effrayants et de chocolats chauds réconfortants. De rêves grandissants et de cauchemars appelants, une maman toujours présente. Ça me rappelle ces nuits à me réveiller, effrayé par le tonnerre, mais m’endormant aussitôt par la pluie…

Et ces nuits, un peu plus vieux, à vouloir rester réveiller ces soirs mouvementés. À vouloir le défier le bon Dieu et ses coups de tambours. À vouloir lui montrer qu’avec ma banane en guise d’épée et mon orange, alias boule de feu, je peux en combattre des tempêtes, que je peux me montrer fort et plein de courage et que je peux, moi aussi, sauver le monde et la princesse…

Puis, ça me rappelle ces soirs, encore vieilli, où l’orage ne servait plus que d’excuse pour remplacer les lumières par des chandelles et se regrouper ensemble. Se tenir entre frères et montrer à m’man que nous sommes devenus des hommes maintenant. Lui montrer que nous sommes grands et bien élevés…

Et ça me rappelle… quelques années…

Ces soirs seul en appartement, ces soirs seul dans ma Sunfire, à affronter l’orage. À combattre ses coups, à retenir ses martelages et supporter ses cries. Ces soirs à fuir le tonnerre pour le retrouver ailleurs, riant dans sa barbe. Ces nuits à insomnie, ces nuits à vouloir me montrer plus fort et à crier au ciel que je l’aurai avant qu’il ne m’attrape.

Ces nuits à coucher ailleurs, à salir leurs lits, à me tâcher la peau. À fuir, ma route, mes hommes, leurs mains, leurs bouches, mon épiderme pelé, mon orange épluchée, mon épée déplumé.

Ce non-sommeil, à dépasser les kilomètres, l’un après l’autre. À faire défiler les arbres, les étoiles, les nuages, les tambours et les doigts par vingtaines…

Ce non-repos à fuir leurs caresses, à vouloir m’échapper de ces brûles-peau…

Puis, ça me rappelle, le retour du beau-temps, graduellement, lentement… L’herbe qui sèche, l’eau qui, à nouveau, s’envole dans les nuages…



M’man, c’est moi… J’ai fait des conneries, je reviens à la maison… Je t’aime…

mercredi 19 mai 2010

Insomnie

Minuit, il commence à se faire tard
Mais je n’arrive pas à m’endormir
J’ai peur de ce qui se cache dans le tiroir
Mes vielles paires de souvenirs

Et mon ourson qui me dévisage
Avec ses grands yeux en grimace
Se disant que je m’en fais trop pour mon âge
Peut-il seulement se mettre à ma place?

Et j’essaie de compter les étoiles
Celles qui m’apparaissent dans ma tête
Par dizaine, être original
Disons pour ne pas paraître trop bête

Mais je garde les deux yeux grands ouverts
À fixer les tâches du plafond
Faudrait bien que j’arrête de m’en faire
Pour des petites conneries de jeune garçon

Voilà une belle heure et presque et quart
Le bonhomme deux heures va arriver
Bonhomme sept heures était en retard
S’est pris un congé de maternité

Et mon ourson qui se colle un peu
Se cherchant un petit bout de tendresse
Il se colle les mains et se ferme les yeux
Fait sa prière, ses belles promesses

Et moi je suis là, à me fondre le corps
Attendre que ces histoires disparaissent
Une fois finit, elles reviennent encore
Dans un soupire, réapparaissent

Voilà trois heures qui se montre la face
Sur un cadran qu’on voit dans le noir
Et à deux mains, je prends mon audace
Et le toutou va prendre le bord

Mais il y a des bras sous mon matelas
Qui aussitôt, se sentent interpellés
Par mon corps déboussolés
Il y en a qui veulent en profiter

Et dans un élan de faiblesse
J’écris cette lettre qui s’adresse
À mon âme sœur, dans sa cachette
Je ne suis pas prêt pour que t’apparaisse

Et chers hommes de ma vie
Qui se présentent au pluriel
Fichez le camp pour l’amour du ciel
Vous me faites faire de l’insomnie

Et il y a Cupidon qui me regarde
Riant dans sa barbe rasée
Et je me dis « qu’il mange de la … »
L’heure est venue d’aller me coucher

vendredi 7 mai 2010

La tête contre l'oreiller...

La tête contre l’oreiller à attendre un prochain lendemain qui me donnera un rendez-vous, un prochain amant. À attendre qu’il m’appelle, lui sans définition, qu’une silhouette pour l’instant. Mon ourson préféré dans mes bras, à attendre sans en avoir le choix. Car il viendra bien un jour, le prochain Roméo à qui je ne saurai dire non. La tête contre l’oreiller, à essayer de me réchauffer sous les couvertures…

Et je me tourne des chansons pour me changer les idées, mais je n’arrive pas à trouver de chansons qui ne dit pas de je t’aime. Et je me rejoue ces derniers films que j’ai vus, mais même Travolta parle d’amour. Et je me relis les histoires de dragons qui me faisaient rêver étant jeune, mais encore une fois, on ne peut pas passer à côté de cette fin…

La tête contre l’oreiller, les idées entremêlées, l’amour entourant, mais le corps suppliant, la paix. Les pieds sous la couverture, les côtes tremblantes, le froid se glissant malgré moi. Puis, les mains caressantes, poignantes, la peluche. La tête contre l’oreiller, étourdie, battante. L’impression de caresses, en cuillère, collées. Les mots qui reviennent, mauvais souvenirs, mauvais garçons que je me répète…

La tête sous la couverture, à la recherche d’air sans idées, sans souvenir. Mais les mains sont toujours là, elles me collent contre la peau, la peau des lèvres, la peau des fesses. Il y a les mots qui tournent, les mots vulgaires, les mots 18 ans et plus, les mots directes, sans préliminaires. Il y a leurs odeurs qui me rappellent, entre chaque inspiration, ces nuits à vouloir aimer, à me faire dévorer et à me perdre…

La tête sous le matelas, je crie au cauchemar. Je supplie le plafond de me chasser de l’esprit, ces nuits de mauvais garçons. Et je me surprends à regarder le plancher en lui demandant de me foutre la paix, avec ses histoires à l’eau de rose. Et je me ferme les yeux à nouveau, serrant ma peluche, lui chuchotant dans l’oreille de me protéger de l’amour, épuisé d’avoir mal…

La tête contre l’oreiller, les yeux fermés, endormi, à attendre un prochain lendemain…

jeudi 22 avril 2010

L'amour sans préliminaire

Je me suis brûlé l’épiderme
À l’eau chaude, à la chandelle
Pour donner fin et mettre à terme
Au petit gars à la cannelle

J’ai mis ma plus belle chemise
Et enfilé mes jeans serrés
Les vieux tisons que l’on attise
Les brillants que tu vas regarder

Ce soir, je serai comme toi
Vilain, pour te faire plaisir
Ce soir, je ne serai pas moi
Tu m’as appris à mentir

Ce soir, je serai comme toi
Rebelle en cote de cuir
Ce soir, je serai pas moi
Déguisé, pour me rebâtir
On se fera pas de préliminaire

L’amour sans préliminaire
On fera même pas semblant
Sans frisson dans le capillaire
On est plus des enfants

Pas de je t’aime sur ton matelas
Vide de nous, mais plein de caresse
Les vieilles d’hier que t’as laissées là
En cuillère entre nos fesses

samedi 17 avril 2010

Les je t'aime de son Nathan

On en voit dans les parcs
Et d’autres sur les bancs d’écoles
Et encore à l’hôpital
Viennent au monde en barcarolle
Cette petite marmaille
Qui sent le plaisir à plein nez
Qui rend heureux la parenté
À entendre les rires en bataille

Mais au milieu de la foule
Il y a une mère qui regarde là-haut
Qui prend le seigneur pour un maboul
D’avoir repris son petit cadeau
De l’avoir fait patienter tout ce temps
Et pour n’arriver qu’à mettre au monde
Un enfant mourant à la montre
Qui devint qu’étoile en un instant

Elle lui avait acheté plein de vêtements
Des jouets à n’en remplir l’appartement
Celui-ci que son père s’était empressé
De rénover pour le nouveau-né
Ils avaient même choisi son prénom
Juliette pour une fille, Nathan un garçon
Mais voilà que gaspillage de vœux
Car le bon dieu a cligné des yeux

Et voilà qu’elle pleure lorsqu’elle entend
Les bambins rirent à pleine dents
Car elle aurait voulu connaître son enfant
Savoir son rire couler dans son sang
Et elle en crie à plein poumon
Après le seigneur qui s’en lave les mains
Lui, qui prend sa vie comme à un poisson
Celui qui pourrait bien mourir demain

Et au milieu de la foule
Il y a des femmes qui n’en veulent pas
De ces poissons dans leurs pattes
Qui font des caprices de bisous
D’autres refusent de les mettre sur terre
Pour ne pas les avoir comme obstacle
À leurs âges, devenir mère
Elles ne veulent pas de ce miracle

Mais pendant ce temps
Une mère souffre d’avoir perdu
La chance d’avoir cette chance
D’un miracle apparu
Et elle s’enferme loin du soleil
Pour pouvoir simplement oublier
Ces journées toutes pareilles
Qui s’enchainent dans une année

Et les étoiles la regardent
Des yeux brillants dans le firmament
Avec le vent chuchotant
Les je t’aime de son Nathan

samedi 20 février 2010

Pluie de septembre

Ils étaient sous la pluie. Lui, un homme bien ordinaire, dépassé un peu la trentaine, avec son parapluie. Elle, elle aurait pu être ordinaire aussi, mais sa jeunesse et son sourire derrière le mauvais temps, la rendait particulière. Elle n’avait pas beaucoup de vêtements et devait avoir froid se disait l’homme, mais elle semblait bien malgré tout. Sans parapluie, elle restait là, se contentait de peu et souriait.

L’homme hésitait de lui proposer son abri. Peut-être qu’elle préférait rester sous l'averse simplement, car mise à part ce sourire et ces gouttes, elle n’avait pas grand chose. Il ne voudrait pas que son parapluie lui arrache son bonheur. D’autant plus qu’il était si ordinaire, noir avec un manche métallique, et des mains froides et abîmés par le temps tout autant, si ce n’est pas plus, monotone.

Alors, il restait là à la regarder, elle qui ne faisait rien de particulier, vraiment. Ce n’était pas l’action qu’on voit à la télévision, mais ses péripéties l’intriguaient quand même. Elle ne bougeait pas, mais elle vivait. Elle ne s'agitait par le corps, il y avait autre chose. C’était des vibrations, une clarté, comme une étoile. Une lumière qui se laisserait filer par le vent, mais vivre comme un arbre, se laisser vivre par la pluie, sans bouger, enraciné. L'eau caressait ses cheveux, sa peau et imbibait ses vêtements et ses lèvres. Elle se laissait se gonfler de vie, gonfler comme une éponge, éclater la pluie et la vie dans ses veines, sous ses pores de peau, l’épiderme, ses feuilles à fleur de peau, chlorophylle dans ses yeux verts de brume, vert-gris.

L’homme se demandait si ce n’était pas un rêve. Elle était trop belle et trop vivante pour exister, mais lorsqu’il vit qu’elle tremblait, il ne se posait plus la question. Elle avait froid pour vrai, elle se baignait pour vrai et se trempait et souriait, malgré tout, réellement. Il voudrait bien lui proposer un toit, des vêtements, des mains pour la réchauffer, mais elle semblait si heureuse, sous l'orage. et lui, si uniforme, ses vêtements si sales et ses mains si froides, si laides.

Il souffrait à la regarder, souffrait d’amour et de tendresse. Il voudrait bien lui offrir une caresse d’étoile, d’eau fraîche, de vie et d’air. Mais encore une fois, il était trop normal. Alors, il l’a regardait. Il l'observait dans son nuage, vivre sous les gouttes, sous les ombres du soleil. Puis, il crut la voir verser une larme. L’homme eut un coup au cœur. Était-ce le froid ou la peine qui la faisait pleurer? Ça ne pouvait être la peine, car elle avait encore ce dessin au visage. Ça ne pouvait alors n’être que le froid...

Malgré ses mains froides, ses vêtements sales, son parapluie abîmé, sa tendresse maladroite, ses caresses vieillies par le temps, refroidies par les cheveux gris, il alla la rejoindre. Plus il s’approchait et plus elle était belle, plus elle tremblait, plus elle vibrait. Il ne pouvait s’empêcher de pleurer, mais la pluie cachera ses yeux rouges, il mettra cela sur la faute du froid de l’automne. Il marchait sur les feuilles mortes trempées par les restants du ciel qui ruisselaient, les larmes de leurs arbres qui avaient vu leurs enfants mourir. Il ne restait maintenant, plus que la distance d’un parasole qui les séparait, à une caresse d’elle, il s’arrêta…

Il ne savait pas si elle le voyait, elle était si absorbée par la musique de son monde, le temps et les rêves. Mais lui, il l’a voyait, de si près. Il voudrait l’embrasser, toucher ses lèvres gonflées. Il voudrait sentir ses cheveux, toucher son capillaire gonflé tout autant. Il voudrait toucher ses mains, se lier à la sienne. Il voudrait…

Une voix à quelques distances cria son nom. Elle s’appelait Jasmine. Elle avait un si jolie nom se disait l’homme. Elle se retourna, et courut vers un autre homme, plus jeune, plus beau, plus vivant, multicolore. Ils s’embrassèrent les étoiles sous la pluie du mois de septembre. Lui, pouvait sentir ses cheveux, toucher sa main, ses lèvres, ses mots.

L’homme au parapluie repartit vers la direction d’où il venait. Son vielle abri, ses vêtements décolorés, ses cheveux gris et ses mains, ses yeux froids par le temps. Ses feuilles mortes, ses fruits trop mures, pleurés par leurs mères.

vendredi 19 février 2010

Je coule la vie tranquille

Elle me criait de vivre plus, plus rapidement, moins longtemps, plus passionnément. Elle me criait qu’elle avait besoin d’eau et de feu en même temps, d’essence et de folie. Réduire les minutes en secondes, les semaines en jours et les années en mois. Elle me quêtait chaque petite particule de vie qui s’offrait à moi, chaque fois qu’elles tombaient. Elle me criait…

Aujourd’hui, elle me chuchote au présent. Elle me berce, me calme, me redonne le surplus d’eau que je lui ai donné. Elle me dit de prendre mon temps et de savourer ce qui viendra. Elle me dit de vivre tranquillement, doucement, plus longtemps. Elle me chuchote des conseils, d’être une rivière, de couler la vie, laisser couler les mots. Elle pourrait changer d’idée rapidement, la vie change d’idée rapidement des fois. Mais là, présentement, elle me donne des étoiles, des frissons, moins vivant, mais plus présent…

La rivière chante et le vent frissonne, sur ma peau, mes lèvres et mes mots. Ils tombent, mes mots tombent, mais lentement. Au ralentit jusqu’à se déposer, sans se faire mal. Ils se contentent d’être là, de vivre, sans mal. La rivière chante, le vent frissonne, la route berce. Sans mal de mer, ni des airs, ni de la terre. Je coule la vie tranquille. Bonne journée…

mardi 16 février 2010

Entre une ligne jaune et une blanche

En voiture, sur la route, le retour. Il semble qu'elle s'était ennuyé de moi, mais pas autant que moi. Je m'ennuyais de son moteur, sa vitesse, son volant, son siège. Son siège, lui, s'ennuyait de mes fesses. Mal propre des hommes que j'allais visiter, de leurs draps blancs, de leurs grandes mains, de leurs bouches sales. Ce soir, il était content de me revoir, mais probablement déçu de mon manque de vie des dernières semaines, mon manque d'hommes, leurs manques de fesses, mon manque de temps. Mais au fond, il s'en foutait autant que moi. L'important, c'était ma route, ma sunfire et mes fesses, nu, pas nu, mes fesses et ma route...

Entre une ligne jaune et une blanche, c'est tout ce qui compte. Une ligne blanche continue et une jaune qui hésite, continuer ou pointiller? Puis, les lampadaires qui se pointillent aussi. Qui hésitent, qui scintillent ou pas, qui continue moins souvent. Les voitures à la dizaine, que je dépasse par tranche de vingtaine, des fois plus, la trentaine. C'est l'autoroute qui me donne le droit, je n'hésite pas, je continue, je ne pointille, je scintillent les étincelles dans les yeux.

Et je ne m'arrête pas, je pris le ciel pour que Sainte-Thérèse soit encore loin, que la vilaine disparaissent, que l'arrivée s'efface et que le départ soit encore plus loin, question d'avoir le temps de l'oublier aussi. Mais les panneaux arrivent déjà, je dois te quitter, Sainte-Quinze-Nord, encore...

Je m'arrête, je stop le temps, je regarde des deux côtés et je reste là. Le feu n'est pas vert, mais n'est pas rouge non plus. Un stop ça reste un stop, il ne changera pas, naturellement. Alors, ce serait à moi de bouger, de me tasser de là, avancer, sans hésiter, continuer, sans me pointiller, naturellement... Quelques secondes, j'hésite. Je pense au rouge, à celui que je mets dans ma vie et celui que je laisse là. Elle me crie de vivre plus, que mon arbre a besoin d'eau pour donner des fruits. Les hommes se font la queue pour goûter à mon fruit, profites-en qu'elle me crie. J'en passais à la dizaine, par tranche de vingtaine, des vieux de la trentaine... il y a quelques semaines... à peine...

Bon, je continue. Je penserai à ça demain ou après-demain ou l'autre lendemain. Là, je suis fatigué et je n'ai pas souper. Bonne nuit...

dimanche 14 février 2010

Une question de chiffre

La page s'obstine à rester blanche. Encore une fois, on dirait qu'elle m'en veut, je ne vis pas assez qu'elle me crie. Pourtant, ce n'est pas que je ne fais pas d'efforts. Je cours derrière la vie pour la rattraper. Je prends la route moins souvent certes, oui. Je ne prends plus le temps de prendre le temps autant que le temps des mois passés, je peux comprendre, mais je fais mon possible pour vivre à temps partiel.

Ce vendredi, je suis sortit danser. Pas seul non, mes colocs et une amie me tenaient par la main. Ça été plaisant, mais on dirait que ce n'était pas suffisant. Je suis repartit avec un numéro, mais ça ne reste qu'un numéro. L'homme qui se cache derrière ces chiffres reste si vague. Je ne me rappelle plus du détail de son visage, l'alcool avait réduit ma faculté de regarder et il faisait si noir. Sa bouche était goûteuse, ça je m'en souviens par contre, mais elle semblait si jeune...

Je sais que j'avais mis une croix sur ce genre d'histoire, mais n'empêche qu'ils me tentent encore. Je m'ennuie de mes hommes autant que je les hais. Au double de mon âge, l'équation n'est pas difficile, un calcul facile à faire. Leurs débuts de rides, leurs formes qui s'imparfairtisent, leurs yeux si vieux de vie. Je suis jeune, je le sais, mais le monde de leurs yeux semblent si tentant, quoiqu'il semble ennuyant, mais je m'obstine à croire que c'est seulement, différent...

Je m'ennuie de leurs mains, leurs caresses qu'à demie ouvertes, qui se referment à moitié sur moi. Leurs bouches vieillis par la vie, leurs mots grandis par le temps.

Je devrais passer à autre chose, un numéro. Je l'appellerai demain.

samedi 13 février 2010

Ma plume a ses conditions

Une mousse de lettre, un vers ou deux
Une gamme mineure, ses double-croche
Restant de caresse, des miettes de feu

Pas grand chose à dire, pour dire vrai
Rien à redire, je redirai
Hier s’est hiertisé, en effet
Passé, le passé, c’est terminé

Je n’écris pas au passé composé
J’écris au présent et seulement
Mais là, je ne fais que décomposer
Page blanche, à l’ennuie, c’est ennuyant

Je manque à la vie, à l’inspiration
Ma plume a ses conditions
Mordre la vie, sans précaution
Ma plume a ses conditions…

Un rien de prose

Ce soir je vous écris, mais je n’ai pas vraiment de raison de le faire. Je ne fais qu’épuiser mes mots, je sors de mes poches les quelques proses qui m’ont tournée la tête en soirée. Un tout, mais un rien, un tout qui ne fait rien, rien que rester là à laisser le temps l’épuiser, sortir de mes poches, mais j’ai rien dans mes poches, je vous le jure. Quelques mousses de lettre, des restants d’hier, des jeux de mots déjà utilisés, tout au plus, mais c’est presque rien.

J’ai bu une tisane ce soir. Bien que ça pourrait sembler comme étant un presque rien aussi, le rien de gingembre m’a laissé tourné quelques mots. Boire sa vapeur en premier, son souffle, son rien de vie, mais son plein de chaleur. Je pouvais poser mes lèvres sur la tasse, mais aller plus loin aurait été trop dangereux. C’était trop chaud. Alors, je me laissais m’emporter dans son souffle de rien de vie, poser mes lèvres sur les siennes…

Sur ma tasse en fait. Je posais mes lèvres sur le rebord de ma tasse, mais les yeux fermés, on aurait cru que c’était différent. Ma tasse avait des lèvres et elle respirait pour vrai. Je buvais toutes ses lettres de rien de vie, comme si elle en était croquante. Comme si ma tasse avait un visage, une bouche, des lèvres, un souffle.

Ce soir, j’ai couché avec un rien de gingembre, on s’est fait paradis dans son rien de vie, dans le rien de nuit, dans notre rêve qui ne veut rien dire. On s’est fait paradis. Bonne nuit.

Insomnie de mots

Ça me coule les veines, ça me coule la peau, la tête, les mots. Les mots sont durs et se répètent encore. Ça tourne, ça tourne et j’attends entre eux, j’essaie de me lire entre eux, de me comprendre, de lire entre les mots. Je n’arrête pas de m’écrire, je suis une fusée, un superman, le journaliste qui se cache en lui, qui cache le super héro. Il y a des mots qui parlent de la vie, des gens que je rencontre, mais la plupart parle de toi, de mes aventures, mes péripéties, mon téléroman à l’ode-rose. Ça me coule encore, ça crève et ça me tient en vie en même temps. Je meurs, mais je n’arrive pas à fermer les yeux, il faut que je les mette sur papier avant, il faut que j’en aille les yeux rouges sang avant, il faut que je les pleure sur le clavier, sur mon écran lumineux, la grande lumière.

Tu me tâches la peau
De ta bouche, ton odeur
Tu me tâches les mots
Un auteur, un amateur

Ça m’obsède, je vis dans mon monde, mais je ne peux pas le quitter. Mon cœur me crie des mots, ma tête les répète, ma bouche les crie et mes mains les frappent. Je perds la tête, je perds le cœur, je me perds dans le cœur. La nuit, quasiment le matin, mais je ne peux pas dormir tout de suite, je tourne en rond, je me tourne en rond, ils me tournent en rond. Ça me torture cette insomnie, l’inspiration, sans inspirer, juste expirer ce qu’on me donne, ce qu’on me crie. Il y a dix mille voix qui me crient dix mille mots, qui se répètent dix mille fois, jusqu’au moment…

J’ai mis mon manteau, mes souliers
Espérant partir, espérant te voir
Aussitôt mis, aussitôt enlever
Puis remis et enlever, c’est illusoire

J’ai des mots qui me disent que je suis accrocs. J’aime le sucre, je mange des beignes, des cochonneries en attendant. Du cholestérol qui me bouchera les artères, qui me feront mourir jeune. Du sucre trop sucré, trop concentré qui me fera mourir du diabète. Ou bien une crise de cœur, j’ai l’embarras du choix. Mais je suis accroc d’autre chose, j’aime écrire, j’aime l’amour d’écrire, j’aime écrire d’amour, sur l’amour. J’aime à aimer, à me couvrir de « je t’aime », à me couvrir de son cholestérol qui me fait mourir de vie à trois heures du matin. Puis, il y a toi. Je pourrais t’aimer facile, mais je ne t’aime pas. Disons plutôt que je m’attache facile, je me dépends de toi, facilement, mais pourtant…

Un, deux, trois, puis jusqu’à quatre
Le nombre de fois et je succombe
Bleu, jaune, rouge blanchâtre
Les jeux d’amour, mensonge

Il y a des mots que je me tue sans savoir pourquoi. Je me les tue parce qu’ils me tournent et que je voudrais dormir tranquille. Je me tue à écrire ce que je ne comprends pas. Je me tue à te chercher les bons mots, les beaux mots. Je voudrais que tu ne me rappelles pas, pour oublier que je peux me sentir comme ça. Oublier que je peux ne pas me comprendre, ne pas me tenir, retenir, que je peux pisser les mots, sans m’arrêter. Je voudrais souffrir un bon coup pour arrêter d’avoir peur de me sentir plus tard. D’avoir peur que tu me fasses souffrir…

Fly me to the moon
And let me play among the stars
Let me see what spring is like
On Jupiter and Mars

Ferme-là. Je ne suis plus capable. Il y a mes mots, ceux de Sinatra, sa musique et la mienne qui s’entremêlent. J’ai besoin d’air, pas d’amour. Je voudrais juste dormir, me reposer, m’endormir. Je voudrais voir les étoiles dans mes rêves, la lumière endormit. La grande lumière, mon papier virtuelle me tanne de son encre moulé trop parfaite, de ses lettres trop encrés avec son moulage trop parfait, son trop parfait virtuel.

Ferme-là. L’écran, mes mains, mes mots, mes lèvres, mes yeux. Bonne nuit, ça suffit.

Bilan de vacances

Les vacances finissent bientôt, déjà et enfin. Ça fait du bien au début, mais ça fait du bien trop longtemps que je me dis. Une pause, un souffle avant de reprendre la vie. Un entre-deux, entre les lignes du départ et de l’arrivée. Un grand autobus voyageur, long et large, dans lequel tu arrêtes de vivre pendant trente jours plus quinze, un mois et demi.

J’ai voyagé ma job, mon Tim, mon appartement et ma maison, mon retour, la source, ma famille. Entre ma vie tranquille, où je faisais quelques vocalises entre mes frères, nos jouets, nos sorties et celle éparpillée dans les coins ronds de mon tout meublé trop petit et mes promenades à Montréal...

Ma première vie. Je retrouve mes plaisirs de jeunesse, de paresse. Se vautrer sur le divan en famille, regarder la télévision. Les bonhommes et les jeunes rires, les séries policiers et les sexy policiers, les téléréalités et leurs semblant de vérité médiatisée. Me coucher et me relever le lendemain. Jouer à Super moi, Super Mario sur la Wii, manger et me recoucher. Rêver que je mange, que je sauve la princesse avec sa petite peau de pêche. Rêver que dans la vie, je suis plus fort que le super méchant, que je torche le super Bowser avec mes boules de feu. Me relever et rien faire en famille, un souffle, une pause en famille, des vacances en famille. Me relever et repartir, par envie de bouger et par obligation à la fois, travailler, gagner sa vie, payer mon rond-point tout meublé…

Ma deuxième vie. J’ai plus de temps soudainement, tout à coup, goûte à tout. À mes murs vierges d’histoire, à mes draps trop sales de moi, mais propre des autres. À mon frigo moins garnies que celui de mes parents, mais gâté par le temps de la dinde et ses restants. À mes mots qui me tournent, à moi qui se perds dans cette tranquillité. Je me perds là-dedans, j’étouffe et je finis jamais par rester, toujours par partir. Je finis par aller voir mes hommes dans leurs grandes villes, parce que je n’ai pas le goût de salir mes draps à moi et que je n’ai pas le goût de leurs montrer à quel point ma vie est plate quand je suis en vacances. Ma mère ne serait pas fière de moi, je cours après le danger qu’elle dirait, mais moi, je trouve que je cours vite, pour rattraper la vie…

Puis, il y a ma réalité qui me passe des bonjours une fois de temps en temps, graduellement, pour me faire du bien. C’est sûr qu’il y a mes vocalises, ma diction, ma claquette, mais ça, ce n’est pas assez. C’est de l’entretien, sans plus. Je pense plutôt à mes amis, leurs ronds qui me reviennent, comme dans une rivière et ses pierres qui reviennent, ses ronds, ses souvenirs qui viennent me repiquer au retour et me rappeler mon vivant.

Il y a mes textes que je partage par correspondance. Il y a une fille pas loin, celle à qui j’aime lire ses commentaires, ses textes aussi, ses textes surtout, elle m’inspire à continuer, à essayer de devenir grand. Elle peut devenir chanteuse, écrivaine, mannequin. C’est une petite louve qui court l’amour et qui me fait penser à moi quand je serai plus grand et aujourd’hui en même temps. Elle est mature pour son âge, elle est un arbre d’expérience de vie. Elle coule la vie dans ses cheveux, dans ses lèvres et dans ses mots…

Il y a l’actrice, l’intense, la passionnée. On ne s’est pas vu longtemps, on s’en est gardé pour la fin janvier, pour s’ennuyer. On s’est parlé un peu de la vie, de l’école et de rien. On s’est gardé vivant, compagnie. On s’est donné confiance, en la vie, l’école, nos ennuies…

Il y a ma meilleure amie. On se voit moins souvent, mais on s’aime plus souvent. On se pense plus souvent. On est allé voir un enregistrement d’émission d’un humoriste que je n’aimais pas vraiment, mais c'est pas grave, elle vaut mille, des j'aime vraiment. On est partit pas trop tard, pour avoir le temps d’autre chose. Un souper, un resto, des amoureux, mais pas pour vrai. Juste faire semblant, mentir à la serveuse, aux gens autour, à nous pendant un certain temps. On s’est inventer des personnages et on s’est jouer dans la vrai vie. On s’est rappelé le bon vieux temps où il n’y avait rien que nous pour faire nos conneries. Je me suis ennuyé de toi, de te dire à quel point je t’aime, à quel point je t’ami à la folie.

Il y a mon coloc. Le signal du retour imminent, vraiment proche, bientôt, vraiment. Je recommence à rêver pour vrai, à réaliser que ça recommence, que j’avais hâte de me retrouver. Je me suis accroché pendant un mois et demi à pleins de choses, à essayer de me garder ce qui me tenait vivant et là, c’est là, à quelques pas de temps. On s’est ennuyé tous les deux de nos projets, de nos présences, de nous et de la vie. Je me suis ennuyé de nos impros live à l’appartement, nos histoire folles, nos folies de comédiens. Tes tics, tes passions, tes habitudes de toi.

Ça recommence, enfin.

Des amis en attendant...

Juste des amis, tes cicatrices, ta nostalgie, ton 2009... Ça va, je comprends, c’est ok, des amis, ça me va… J’ai brûlé encore, la douche, tout brûlé. Oublié, le demi-baiser, le melon d’eau, le café, la sunfire, jusqu’au point de départ. Reculer, effacer, effacé pour recommencer…

Ça commence encore avec ma sunfire, mais sans toi. Faut que je me change les idées, faut que je me remette dedans, que je me fasse à l’idée, oublié mes attentes, celles d’hier. Les laisser là-bas, les laisser s’oublier. Je regarde la route, les trottoirs, les passants, les étoiles, tes étoiles. Faut que je sorte, faut que je prenne l’air.

Je marche un peu, je me promène, je regarde les gens passés, les femmes, mais surtout les hommes. Je n’ai pas mon nez de clown, mais j’aurais aimé à l’avoir. À le sentir, me réchauffer, à mon nez qui se gèle à se promener à l’air, à moi, qui se promène nu devant des inconnus. J’entre, un resto, une soupe, me remplir, me réchauffer, les mains à la tenir, le nez à la sentir, les lèvres à la toucher, le cœur à l’avaler.

Tu m’appelles, déjà? C’est tôt, je n’ai pas eu le temps encore. Oui, ça devrait être suffisant, je m’y fais, des amis. On se rejoint? Parfait, je te rejoins.

On se rejoint, St-Hubert/Sainte-Catherine. On se voit, ça va, un ami. Ça ne picote pas, ça ne s’engourdit pas, ça ne s’éparpille. Ça reste vivant, conscient, présent. On passe vite vite au super marché juste à côté et on s’en va chez toi. Tu te prépares ton souper, moi, je m’assoie. Je t’attends sur le sofa. En fait non, je ne t’attends pas, des amis ça ne s’attends pas, ça s’invite, ça fait comme chez eux, ça se mets sur le mode confortable. Je me mets confortable, je me switch au mode ami, juste pour être sûr que j’y suis resté.

Quand t’as finit, tu viens me rejoindre, on se prend une manette, on se joue à Wii, on se défie, on se combat, on se pousse, on se frappe, on se joue au plus fort. On rie, on se regarde, pas trop longtemps. Des amis, ça ne se regarde pas trop longtemps, ça fait trop intime sinon…

On se jase, on se fatigue. J’aurais le goût de m’étendre, de te coller, mais j’essaie d’oublier. Des amis, ça ne colle pas, ça ne fait pas l’amour, ça ne s’embrasse pas. On se parle. On parle de toi, de moi, de la vie, de ton ex, de ton mal, ton 2009, le mien, mon 2009. Puis, on se tanne ou on se donne le goût d’autre chose, je ne sais pas trop. On va dans ta chambre, on se jase encore. Je te fais lire des textes que j’avais écrit pour mes ex, ceux que je ne leurs faisaient pas lire, je ne voulais pas leur montrer qui j’étais, pas complètement, ça me faisait peur. Tu trouves ça beau que tu me dis…

Je t’en fais lire un autre, un que j’ai écrit pour toi… Ça me fait peur, mais je le fais pareil. Des amis, ça s’écrit pas des mots, des chansons, des lettres, je sais, mais moi, je l’ai fait. Je m’en fou, on parlera de moi dans les nouvelles, première page, un gars qui défie les lois non-écrite, ça ne me dérange pas. Tu me dis que tu trouves ça beau. Tu pleures, je suis là…

T’as froid un peu, froid du mal, mal de l’hiver. Je te réchauffe, je suis ta soupe, les mains à nous tenir, le nez à mon odeur, la tienne, la notre. Les lèvres à se toucher, à se jouer avec la feu, être dangereux, à se regarder trop longtemps. Le cœur à s’avaler, à s’oublier, à s’exister… Je suis là, toi, pas complètement, mais ça va, je t’attendrai.

Tu me raccompagnes jusqu’à ma voiture, ça nous donne un prétexte pour se voir plus longtemps. Moi, je te redonne un lift jusqu’à chez toi, ça nous en donne un autre pour quelques secondes encore. On se touche les lèvres, on s’éteint pour la nuit, on se touche les mains, on se rallume pour demain.

On se dit bonne nuit, tu ouvres la porte, tu t’en vas petit à petit. Savourer chaque seconde, oublier chaque minute pour mieux goûter aux prochaines heures, au lendemain et au surlendemain. On se quitte la main, les doigts, l’index, les nôtres ensembles qui se quittent, doucement. Jusqu’au bout des doigts, jusqu’aux ongles et même après. On se quitte, mais juste en attendant, on fait semblant…

Un an d'amour

Un an d’amour... Ça fait déjà plus d’un an d’amour, de coup de foudres, de lettres, de mots, de chansons. Une dizaine d’amants, une vingtaine de baisers et une centaine de caresses. Des je à ne plus finir, des t à en devenir, tout en espérant des nous, des aime, on aime à attendre les «je t’aime ». Un an de vieux amants, passé le quart de siècle jusqu’à la trentaine et même un peu plus loin. Des hommes trop mûres qui aiment ceux qui ne le sont pas assez, qui voudrait vieillir trop vite. Des hommes trop dur, trop mou, trop noir, pas assez jaune. Des fruits qui ont déjà passé leurs belles années, leurs folies, leurs jeunesses…

Pas moi. Je suis jeune, je suis cool, je suis beau. Ils ont déteints un peu sur moi, les gens laissent toujours des traces, des empruntes, des empreintes, ils se tracent sur ton corps… mais ils ne m’ont pas eu. Je suis toujours vivant, mon fruit goûte encore bon. Les vieux savent ce que ça goûte, un fruit sans expérience, un fruit de la passion, un gars passionné. Ils savent que ça goûtent bon, ils savent que ça fait du bien…

J’ai pris ma douche, je me suis lavé. Un an d’amour lavé en une semaine de quarantaine, de trentaine, de vingtaine. J’ai pris la douche la plus chaude, j’ai brûlé ma peau, mes fesses, mes cuisses, mes poils. J’ai tout fait disparaître, les bleus, les cicatrices, jusqu’au cœur, jusqu’aux lèvres. J’ai effacé tous ces mots de mon vocabulaire, tous ces mots qui tournaient dans ma tête, tous ceux que je criais quand j’étais avec ces vieux. J’ai enlevé mon visage, je l’ai mis dans la laveuse, et je l’ai retrouvé neuf. J’ai mis mon plus bel habit, ma plus belle chemise, mon plus beau sourire.

Je suis partit. Ma voiture, ma sunfire, ma route, mon Montréal… T’es venu aussi. C’était bien la première fois, j’amène jamais mes hommes dans ma sunfire, c’est trop secret, mais toi, ça va. Tu as mon âge, tu peux comprendre. On s’est promené, on a cherché les belles étoiles, on a cherché le vrai Montréal. On n’a pas trouvé…

On est allé boire un café, on avait besoin de vivre plus longtemps, de trouver avant d’aller mourir. Puis, on y est retourné, s’enflammer dans ma sunfire, mon soleil de feu. On a défié la nuit, on a tué le marchand de sable, on s’est fait rebelle. Tu disais que la soirée se finira quand on ira se coucher, je t’ai dit qu’on n’avait pas besoin de se compliquer la vie…

On est allé manger un demi-melon d’eau chez toi. Un demi à deux, une cuillère, une main, deux bouches. On avait besoin de se remplir pour vivre plus longtemps. Pour rêver plus longtemps, pour se goûter un moment. Pas complètement, juste un peu, en fait, juste jouer avec le feu. On s’est pas embrassé, on s’est effleuré les lèvres. On n’a pas fait l’amour, on a préféré attendre à demain, gardé ça pour exister, s’exister, s’exiler, un jour…

C’est drôle, un an d’amour pour comprendre ce que je ne voulais pas. On ne se connait pas assez, mais ça m’a pris une soirée avec toi, pour avoir le goût de toi, de te revoir, de les faire disparaître, ces cicatrices. J’ai guérie vite. J’ai guérie vite…

Une promesse

Une voiture, des nuits, des hommes, Montréal, ma sunfire... Je me sens invincible, ça me fait sentir vivant. Je bouge, personne ne me retient. Je roule, je vole, je me déracine. Je pars, repars et file encore. Je vois la 15, je visite la 40 et j’écrase Montréal. Je l’écrase, mais c’est juste pour bien paraître, juste pour être plus fort un moment. Je m’enivre de ses feux, je brûle les stops, j’enflamme l’asphalte. Je m’en fou, je me fou de tout. Je suis jeune et je me sens cool dans ma sunfire…

J’allume la musique, je chante, je crie, j’oublie. J’oublie qui je suis, j’oublie qui ils sont et ce qu’ils font. C’est le bon moment. Je ne suis pas Mario, je ne suis pas un gamin et encore moins un adulte. Je suis un clown. Je mets mon nez et je débarque. Je me promène. Il y a du monde qui rie, d’autres qui ont peur. Je me sens fort, je me sens heureux. Je prends un café, je ne veux pas me coucher tout de suite, je veux danser. Je veux que Montréal m’appartienne. Un clown à la présidence !

Je couche, je me déshabille, je brûle mon linge, je calcine mon nom. Des hommes, Montréal, ma sunfire. Tout l’hiver, pour me sentir chaud. Je suis un loup qui vagabonde les ruelles, qui mord les hommes. J’ai toujours mon nez de clown. Je suis nu avec mon nez… Je ne suis pas Mario…

Je cours, je crie, je hurle, je casse, je brise. Mon nez aussi, il crie et se brise. Il tombe. Je suis au milieu de Montréal, mais cette fois, je suis Mario...

Un homme, Montréal, ma sunfire… Mario… Un autre homme, Montréal, son appartement… Pas de nez, pas de personnage, pas de semblant. Hier soir, j’étais Mario. Pas de mensonge, pas de connerie. Simplement. Des caresses, des étoiles, la vérité.

Une promesse…

Tu me rappelles?

Oui, bientôt…

On apprend..

Dans la vie, on rencontre bien des gens
Qui, bien malgré eux, malgré les hasards
Nous en apprennent beaucoup sur le temps
La vie, l’amour, le travail, nos écarts

Il y avait une dame, ses jeunes années
Avaient filées comme une étoile en août
Quand le ciel les laisse passé et tombé
Que des millions d’années meurent tout à coup

Elle n’avait jamais travaillé, pour cause
Son mari assez extrémiste, merci
Une femme ne travaille pas, on leur impose
Enfants, cuisine et le ménage, merci

Elle n’a jamais réussi ses enfants
Le manque d’amour la rendait infertile
À 30 ans, elle en avait déjà cent
Elle perdit son mari, devint fragile

Elle n’avait jamais vraiment travaillé
Fallait commencer, salaire minimum
Elle ne se plaignait jamais, cœur d’acier
Mettait courage sur son curriculum

Je garde une prière pour toutes ces lucioles
Bien qu’elles aient perdu, un jour, leurs chemins
Elles ne perdent pas leurs temps, elles ne s’affolent
Elles se refont une vie un peu plus loin

Puis, il y avait un homme, regardant
Filés les étoiles du mois de septembre
Se contenter, regarder, simplement
En attendant le retour de novembre

Bon emploi, bon salaire, horaire flexible
Il pouvait regarder comme il voulait
Les gens sous les projecteurs, les visibles
Reconnaitre certains acteurs, puis après…

Il regardait l’horloge tourner, mourir
Puis, les calendriers, l’un après l’autre
La fin allait bien finir par finir
C’est ce qu’il attendait, jour après l’autre

Il avait toujours travaillé pour vivre
Après une vie entière, il a compris
Vivre de son job, au lieu de rester cuivre
Il aurait voulu être un artiste, oui.

Je garde une prière pour toutes ces lucioles
Bien qu’elles aient perdu, un jour, leurs chemins
Elles ne perdent pas leurs temps, elles ne s’affolent
Elles se refont une vie un peu plus loin

Ma dernière histoire, est celle d’un enfant
Il aurait aimé devenir médecin
Avocat, Écrivain, devenir grand
Comme ses millions de frères, se tenir la main

Il était aux hommes et aux femmes à la fois
Il était Chinois, Russes et Canadiens
Il voulait voler le ciel entre ses doigts
Il était rempli de rêves, ce p’tit grain

Un p’tit cœur qui battait dans sa poitrine
D’autres sur sa main, sous ses pieds, dans sa tête
Il était un amour dans une vitrine
Il était, dans son cœur, une petite bébête

C’était un vrai ange, revenu au ciel
Comme tous ses frères qui pleure à haute voix
Enfin presque, six fois, sa mère disait-elle
Elle s’est faite avorté six fois, six choix

Je garde une prière pour toutes ces lucioles
Bien qu’elles aient perdu, un jour, leurs chemins
Elles ne perdent pas leurs temps, elles ne s’affolent
Elles se refont une vie un peu plus loin

Maintenant, plus de nouvelle

La première fois, c’était chez moi. Du moins, pas loin. Dans le stationnement où on s’était rejoins. Puis, dans un café, pour apprendre à mieux se connaître. On s’est revu, chez moi, comme la première fois, mon premier baisé… mais ce ne fut pas loin d’une dernière. Enfin, pour nous, je veux dire.

Maintenant, plus de nouvelle…

Puis, il y a eu cette soirée… L’automne avait commencé depuis un moment déjà ! C’était un autre garçon, très charmant je dois dire. On aimait les mêmes choses… Frank Sinatra, le vin, l’amour… On avait monté jusqu’à la lune avec une ambiance Sinatré… c’était bien… On s’est Sinatré plusieurs fois encore, mais ce ne fut plus jamais comme la première fois. Enfin, pour nous, je veux dire.

Maintenant, plus de nouvelle…

Puis, il y a eu l’imprévu. Mes devoirs, mes vocalises, ma musique… j’ai tout procrastiné jusqu’à la dernière goutte. J’ai tordu la lingette de mes responsabilité jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien, ni personne. Que toi et moi, dans une belle boîte à surprise. Puis, l’histoire a continué un moment, mais ce ne fut plus aussi surprenant que la première fois. Enfin, pour nous, je veux dire.

Maintenant, plus de nouvelle…

Ensuite, il y a eu l’été…. Hmm… l’été ! J’aurais pu avoir le goût de Paris, de Broadway ou de l’Australie en bouche… Mais ça ressemblait plutôt à l’arrière-goût de la 640, de Repentigny et de Pointe-au-tremble. Il y avait aussi le goût du garçon qui y habitait. ‘’Mes souliers ont beaucoup voyagés’’ disait Leclerc, les miens aussi. Cet été là, mes souliers on beaucoup voyagé. La 15 vers Montréal, 640... Je croyais avoir l’air cool dans ma Sunfire… Enfin…

Encore et toujours… plus de nouvelles…

Puis, il y a eu les quelques aventures… Ceux qui goûtent le fruit défendu. Ceux que tu fais juste pour le fun. Ça goûte sucré, mais ça ne goûte jamais bien longtemps… Y’a eu Ducharme, Iberville, Montmorency, Frontenac, Viau… des beaux hommes, des vrais… mais, c’te sucre là, finit toujours par te retomber dans les fesses et quand t’as les grosses fesses… Qu’est-ce que tu veux… Plus de nouvelle !

On se rappelle

J'ai pas de petit mot doux à te dire encore ; on se connait pas assez. J'te donnerai pas la lune, pas le ciel, pas d'amour... mais j'te donne une demi-caresse pour l'instant. Je te donne un baiser éteint, mais t'en fait pas, y' manque juste un peu de temps pour le rallumer. Et puis, y'en a d'autres qui viendront... un pour demain et l'autre pour danser. Et je voudrais danser avec toi, mais faudra attendre à demain que le feu se rallume. Puis, il manque encore quelques pas, quelques accords à mon numéro.

Je sais. C'est pas grand chose. Y'a des enfants qui meurent de faim en Afrique. Soit patient, ça viendra. Ils viendront les jours où on s'collera pour se réchauffer. On respirera des étincelles d'étoiles et on s'embrassera le fruit défendu. On se couchera tard juste pour être fatigué plus tard le lendemain. Tu me donneras une raison pour rêver jusqu'à midi...

J'te chuchoterai je t'aime si tu veux et on fera de l'amour en peinture ...

Bonne nuit... On se rappelle...