mardi 16 février 2010

Entre une ligne jaune et une blanche

En voiture, sur la route, le retour. Il semble qu'elle s'était ennuyé de moi, mais pas autant que moi. Je m'ennuyais de son moteur, sa vitesse, son volant, son siège. Son siège, lui, s'ennuyait de mes fesses. Mal propre des hommes que j'allais visiter, de leurs draps blancs, de leurs grandes mains, de leurs bouches sales. Ce soir, il était content de me revoir, mais probablement déçu de mon manque de vie des dernières semaines, mon manque d'hommes, leurs manques de fesses, mon manque de temps. Mais au fond, il s'en foutait autant que moi. L'important, c'était ma route, ma sunfire et mes fesses, nu, pas nu, mes fesses et ma route...

Entre une ligne jaune et une blanche, c'est tout ce qui compte. Une ligne blanche continue et une jaune qui hésite, continuer ou pointiller? Puis, les lampadaires qui se pointillent aussi. Qui hésitent, qui scintillent ou pas, qui continue moins souvent. Les voitures à la dizaine, que je dépasse par tranche de vingtaine, des fois plus, la trentaine. C'est l'autoroute qui me donne le droit, je n'hésite pas, je continue, je ne pointille, je scintillent les étincelles dans les yeux.

Et je ne m'arrête pas, je pris le ciel pour que Sainte-Thérèse soit encore loin, que la vilaine disparaissent, que l'arrivée s'efface et que le départ soit encore plus loin, question d'avoir le temps de l'oublier aussi. Mais les panneaux arrivent déjà, je dois te quitter, Sainte-Quinze-Nord, encore...

Je m'arrête, je stop le temps, je regarde des deux côtés et je reste là. Le feu n'est pas vert, mais n'est pas rouge non plus. Un stop ça reste un stop, il ne changera pas, naturellement. Alors, ce serait à moi de bouger, de me tasser de là, avancer, sans hésiter, continuer, sans me pointiller, naturellement... Quelques secondes, j'hésite. Je pense au rouge, à celui que je mets dans ma vie et celui que je laisse là. Elle me crie de vivre plus, que mon arbre a besoin d'eau pour donner des fruits. Les hommes se font la queue pour goûter à mon fruit, profites-en qu'elle me crie. J'en passais à la dizaine, par tranche de vingtaine, des vieux de la trentaine... il y a quelques semaines... à peine...

Bon, je continue. Je penserai à ça demain ou après-demain ou l'autre lendemain. Là, je suis fatigué et je n'ai pas souper. Bonne nuit...

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