samedi 13 février 2010

Insomnie de mots

Ça me coule les veines, ça me coule la peau, la tête, les mots. Les mots sont durs et se répètent encore. Ça tourne, ça tourne et j’attends entre eux, j’essaie de me lire entre eux, de me comprendre, de lire entre les mots. Je n’arrête pas de m’écrire, je suis une fusée, un superman, le journaliste qui se cache en lui, qui cache le super héro. Il y a des mots qui parlent de la vie, des gens que je rencontre, mais la plupart parle de toi, de mes aventures, mes péripéties, mon téléroman à l’ode-rose. Ça me coule encore, ça crève et ça me tient en vie en même temps. Je meurs, mais je n’arrive pas à fermer les yeux, il faut que je les mette sur papier avant, il faut que j’en aille les yeux rouges sang avant, il faut que je les pleure sur le clavier, sur mon écran lumineux, la grande lumière.

Tu me tâches la peau
De ta bouche, ton odeur
Tu me tâches les mots
Un auteur, un amateur

Ça m’obsède, je vis dans mon monde, mais je ne peux pas le quitter. Mon cœur me crie des mots, ma tête les répète, ma bouche les crie et mes mains les frappent. Je perds la tête, je perds le cœur, je me perds dans le cœur. La nuit, quasiment le matin, mais je ne peux pas dormir tout de suite, je tourne en rond, je me tourne en rond, ils me tournent en rond. Ça me torture cette insomnie, l’inspiration, sans inspirer, juste expirer ce qu’on me donne, ce qu’on me crie. Il y a dix mille voix qui me crient dix mille mots, qui se répètent dix mille fois, jusqu’au moment…

J’ai mis mon manteau, mes souliers
Espérant partir, espérant te voir
Aussitôt mis, aussitôt enlever
Puis remis et enlever, c’est illusoire

J’ai des mots qui me disent que je suis accrocs. J’aime le sucre, je mange des beignes, des cochonneries en attendant. Du cholestérol qui me bouchera les artères, qui me feront mourir jeune. Du sucre trop sucré, trop concentré qui me fera mourir du diabète. Ou bien une crise de cœur, j’ai l’embarras du choix. Mais je suis accroc d’autre chose, j’aime écrire, j’aime l’amour d’écrire, j’aime écrire d’amour, sur l’amour. J’aime à aimer, à me couvrir de « je t’aime », à me couvrir de son cholestérol qui me fait mourir de vie à trois heures du matin. Puis, il y a toi. Je pourrais t’aimer facile, mais je ne t’aime pas. Disons plutôt que je m’attache facile, je me dépends de toi, facilement, mais pourtant…

Un, deux, trois, puis jusqu’à quatre
Le nombre de fois et je succombe
Bleu, jaune, rouge blanchâtre
Les jeux d’amour, mensonge

Il y a des mots que je me tue sans savoir pourquoi. Je me les tue parce qu’ils me tournent et que je voudrais dormir tranquille. Je me tue à écrire ce que je ne comprends pas. Je me tue à te chercher les bons mots, les beaux mots. Je voudrais que tu ne me rappelles pas, pour oublier que je peux me sentir comme ça. Oublier que je peux ne pas me comprendre, ne pas me tenir, retenir, que je peux pisser les mots, sans m’arrêter. Je voudrais souffrir un bon coup pour arrêter d’avoir peur de me sentir plus tard. D’avoir peur que tu me fasses souffrir…

Fly me to the moon
And let me play among the stars
Let me see what spring is like
On Jupiter and Mars

Ferme-là. Je ne suis plus capable. Il y a mes mots, ceux de Sinatra, sa musique et la mienne qui s’entremêlent. J’ai besoin d’air, pas d’amour. Je voudrais juste dormir, me reposer, m’endormir. Je voudrais voir les étoiles dans mes rêves, la lumière endormit. La grande lumière, mon papier virtuelle me tanne de son encre moulé trop parfaite, de ses lettres trop encrés avec son moulage trop parfait, son trop parfait virtuel.

Ferme-là. L’écran, mes mains, mes mots, mes lèvres, mes yeux. Bonne nuit, ça suffit.

1 commentaire:

  1. "L'inspiration, sans inspirer. Juste expirer..."
    Ca me donne à réfléchir... Merci :)

    RépondreEffacer